L'amour est une hostie qu'il faut briser en deux au pied
d'un autel et avaler ensemble dans un baiser
Alfred
de Musset – Fantasio (1834)
Musset évoque
le baiser échangé par les époux lors de leur mariage. Sensé être le premier, il
est licite parce qu’il est donné justement au
pied de l’autel – avec bien sûr toute la retenue nécessaire : par de
french kiss, s’il vous plaît !
Toutefois,
n’oublions quand même pas que selon Musset c’est comme une hostie partagée que
l’amour entre dans la vie de ces jeunes gens. L’amour est une communion d’un
genre un peu spécial : communion entre deux être et non entre Jésus et la
Créature.
Du coup, nous
voilà invités à interpréter de façon un peu licencieuse cette image : à
quoi correspondrait cette brisure de l’hostie, sinon à la défloration ? Et
ce baiser qui fait avaler … quoi donc au fait ? Les interprétations les
plus softs restent encore assez explicites, comme ce baiser qui unit deux corps
au summum de l’étreinte amoureuse.
Bref, si amour = copulation, alors il faut aussi
poser amour = mariage. Donc de
façon transitive, on a aussi mariage =
copulation. Et encore, n’oublions pas l’hostie brisée : c’est la
défloration est en cause. La première nuit passée qu’en reste-t-il ?
Si donc on
perçoit cette phrase de Musset comme l’expression d’un regret, c’est bien parce
que l’amour-mariage exclut que d’autres copulations/déflorations se reproduisent :
cette femme-ci, c’est l’unique mais hélas… c’est aussi toujours la même !
On le voit
bien : Musset est un débauché (on l’a constaté pas plus tard
qu’hier) : car l’amour véritable existe, et c’est celui qui accueille
l’autre en lui disant – comme Jean Ferrat :
Tu peux m’ouvrir cent fois les bras,
C’est
toujours la première fois !
Chanson de Jean Ferrat (à lire ici – à
écouter ici)
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