Un trait fondamental de la modernité : les barbares sont
au-dedans. Le dehors est devenu interne.
Roger-Pol
Droit – Généalogie des barbares
Une frontière est inversée quand les barbares sont à
l’intérieur.
--> On constate que l’inversion des frontières ne les
supprime pas pour autant, puisque subsistent l’extérieur et l’intérieur. C’est
d’ailleurs essentiel : la frontière est une ligne qui permet de séparer
les bons des mauvais, les civilisés des barbares, et chacun sait que ces oppositions
persistent même dans notre monde « mondialisé ».
Toutefois, ce n’est pas neutre de dire « les barbares
sont au-dedans » et « le dehors est devenu interne. ». Ça
porte un nom : c’est l’invasion.
C’est que le barbare c’est le voisin, le boche, et il est de
l’autre coté de la frontière.
A présent, le barbare, c’est toujours l’autre, oui, mais l’« autre
qui vit chez nous », dans nos banlieues, dans nos quartiers – on le
rencontre même parfois dans nos centre-ville.
On dira :
- A quoi bon une frontière, si elle en sert pas à refouler
les indésirables ?
La réponse consistera simplement à dire que ça permet déjà de
souligner le caractère insupportable de la situation : « On n’est
plus chez nous ! »
On demandera aussi :
- Pourquoi tolérer que ces sauvages vivent en France ?
Et aussi : pourquoi supporter qu’ils soient français ?
Ah… La déchéance de nationalité ! On a bien essayé,
mais comme vous le savez, personne n’a voulu voter ça : on aurait
créé des apatrides, ce qui est formellement interdit par les traités
internationaux. Mais pourquoi pas, après tout ? Un apatride c’est
quelqu’un qui n’est nulle part : il est à l’extérieur sans jamais pouvoir
réintégrer un intérieur – et basta !
Quoique… L’extérieur sans intérieur ça n’existe pas.
L’extérieur de nos frontières c’est l’intérieur d’autres frontières. En la
matière, il n’y a pas d’extérieur absolu, parce que les pays sont jointifs, que
la frontière d’un pays c’est aussi celle d’un autre
Des petits malins vont me dire : il y a bien moyen de
résoudre ce problème : faisons des frontières en forme d’anneau de Möbius,
cette figure qui ne comporte qu’une seule face.
Anneau
de Möbius
Imaginer une frontière ayant la forme de ce ruban qui n’a
pas d’extérieur, ça doit être possible, non ?
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N.B. Il y en a peut-être qui résistent à cette idée qu’il
puisse exister une surface n’ayant qu’un seul côté : « C’est comme si
on disait qu’on peut découper le recto d’une feuille de papier sans découper en
même temps le verso. Absurde ! »
- Qu’ils imaginent donc une mouche qui se balade sur un tel ruban : elle passera de « l’extérieur » à « l’intérieur » sans changer de côté.
- Qu’ils imaginent donc une mouche qui se balade sur un tel ruban : elle passera de « l’extérieur » à « l’intérieur » sans changer de côté.
1 comment:
merci de votre choix et de votre developpé. je vous embrasse cher Jean pierre
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