Le
fait qu'on se confesse de plus en plus à la radio et de moins en moins dans les
églises semble indiquer que la publicité est plus précieuse que le pardon.
Philippe Bouvard, Maximes au
minimum
Publicité – Subst. fém.
« Action
de rendre public. Rendre notoire, faire connaitre de tous ou au moins du plus
grand nombre de personnes. »
Définition TLF
On
n’insistera pas sur cette définition de la publicité qui, pour ne pas être
courante aujourd’hui, est pourtant la seule qui permette de lire la citation de
Philippe Bouvard.
Quand
Bouvard écrivait ceci, les psy de la radio faisaient des émissions très suivies
où les auditeurs venaient au téléphone raconter leurs petits vices ou bien les
défauts intimes de leurs amants. On sait qu’aujourd’hui, avec les réseaux
sociaux dont tout le monde parle, plus besoin de radio : chacun peut tout
déballer, le vrai comme le faux, au grand jour avec pour seul moyen son
smartphone. Ceci suscite au moins deux questions :
-
D’abord, à quoi bon se confesser, si ce n’est pas pour demander son
pardon ? Car enfin, quand je tweete un message ce n’est pas pour être
pardonné ni confirmé dans ce que je raconte. De plus, si je dis : « le samedi soir je ne peux pas me retenir de
fumer de l’herbe, et après je vais faire des galipettes avec la gamine du
voisin qui a tout juste 13 ans » je ne demande pas le pardon ; je
ne demande pas non plus d’être félicité par mes followers (encore qu’un
ecclésiastique me répondant : « Ce
n’est rien mon fils : c’est Dieu qui vous a fait comme ça. D’ailleurs moi,
c’est pareil, après la messe dominicale avec l’enfant de cœur etc…. »
ça pourrait être intéressant).
Trêve
de balivernes : me raconter au fil des tweets, c’est me donner de
l’importance – ou plutôt, c’est m’accroitre de tous ces messages, eux mêmes
démultipliés par tous les tweetos qui me suivent. Car comme n’importe quel
écrivain, celui qui se raconte sur tweeter (ou sur facebook) espère être lu. Il sera
à ses propres yeux d’autant plus
important – d’autant plus grand – qu’il sera lu par un plus grand nombre
de gens.
On
l’a compris : la confession est réservée à un seul auditeur et le pécheur murmure à l’oreille de son confesseur pour que personne d’autre n’entende. Mais avec les
réseaux Internet, c’est comme si le confessionnal était branché sur un puissant
amplificateur qui répandait les confidences partout sur la Terre. Volant
par-delà les monts, mon gazouillis annonce mon existence à toutes ces
consciences inconnues.
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