Saturday, November 12, 2016

Citation du 13 novembre 2016

La femme est l'unique vase qui nous reste encore où verser notre idéalité.
Goethe – Entretien avec Eckermans
Qu’est-ce qu’un grand poète ? Celui dont le nom figurant au bas d’une citation comme celle-ci nous empêche de ricaner. Vous voyez ce que je veux dire ?
Non ? Réfléchissez un peu : qu’est-ce que le vase féminin ? Vous commencez à sourire, habitués que vous êtes à croire qu’il s’agit cet organe dont parlaient les hygiénistes d’autrefois et qui était destiné à recueillir la semence mâle ? Pas du tout ! Il s’agit de cette âme sensible et féminine, qui seule peut devenir le réceptacle des plus hautes pensées. La femme est par destinée liée à l’engendrement de l’œuvre non pas seulement en l’inspirant comme on veut le croire en parlant de la muse (1), mais aussi en aval comme celle qui recueille l’œuvre et qui lui donne sa véritable dimension humaine en la comprenant dans sa magnificence.
Car il nous faut non seulement créer, mais encore trouver qui pourra comprendre notre œuvre. Souvent on oublie ce fait : pas de création sans créateur, certes ; mais aussi pas de création sans témoins. On objecte facilement qu’il  y a beaucoup de génies incompris qui sont morts alors que leur création n’était connue de personne : van Gogh est mort sans avoir jamais vendu un tableau – sans parler de ces innombrables créateurs d’art brut dont les œuvres sont parties à la poubelle parce que justement, aucun « vase » n’a été là pour recueillir leur idéalité.
- Bon. Maintenant il faut retenir que c’est la femme qui peut seule opérer ce miracle. Je crois intéressant de laisser chacun deviner pourquoi, en fonction de sa sensibilité à la nature féminine. En tout cas, Goethe nous donne à penser que ce « vase » a une propriété très particulière qui est non seulement de pouvoir contenir l’idéalité créée par le poète, mais encore lui donner vie, car c’est cela que seule la femme est capable de faire.
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(1) « Poète prend ton luth, et me donne un baiser »… dit la Muse à Alfred de Musset qui, la plume à la main, attend la suite (La nuit de mai)

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