Saturday, November 26, 2016

Citation du 27 novembre 2016

Jadis le moi se cachait dans le troupeau ; à présent, le troupeau se cache encore au fond du moi.
Nietzsche – La volonté de puissance
Le troupeau est une réalité qui peut très bien faire envie : dans la foule qui le symbolise très bien, être un individu anonyme permet de rester caché même quand est vu parce que le regard glisse sur soi, n’ayant aucune aspérité, aucun détail qui le différencie des autres et justifierait qu’on s’y arrête. Oui dans la foule on est abrité tout comme le petit mouton dans son troupeau.


On l’a compris, le moi est forcément antagoniste au troupeau et sans un danger imminent ou en dehors de la contrainte du berger, on ne voit pas comment il pourrait se fondre dans la masse.
Sauf que ce troupeau peut fort bien être intériorisé par le moi. Selon un phénomène bien connu de massification, la personne s’identifie à la multitude, elle en adopte les valeurs et le comportement. Me voilà donc moi, seul dans ma chambre, devenu véritablement un exemplaire de tous les autres – mieux même : j’en adopte le comportement sans même avoir besoin d’être au milieu d’eux. Comparons avec le banc de poisson : chacun des petits poissons, sans même avoir besoin de regarder les autres, se déplace instantanément dans la même direction que tous, faisant demi-tour à l’instant même où ils le font. Le troupeau est dans le moi, au sens où non seulement il est déterminé par l’aspect de tous les autres, mais encore où il impose le même comportement.
Un exemple ? Le comportement électoral. Il y a une semaine le candidat du parti libéral à la primaire aux présidentielles voyait son score exploser les pronostics : d’un bout à l’autre  de la France, sans se concerter ni être manipulée, une quantité d’individus est allée voter pour lui, faisant un demi-tour surplace, exactement comme les poissons dont nous parlions tout à l’heure.

Qu’on ne sache pas pourquoi, cela importe peu ; certes, on voit bien que sans cela les sondages d’opinion ne serviraient à rien, mais on doit comprendre aussi que ces derniers ne créent pas le phénomène, puisqu’ils ne peuvent exister que si lui-même existe déjà.

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