La démocratie est une technique qui nous garantit de ne pas
être mieux gouvernés que nous le méritons.
Bernard
Shaw
Suite à l’élection américaine qui amène à la Maison Blanche
un bouffon, l’idée qui nous vient est quand même celle-là : « Les
américains l’ont bien mérité. C’est eux et eux-seuls qui ont donné le pouvoir à
cet homme. S’il est grossier et dangereux, c’est que ses électeurs aiment ça –
peut-être le sont-ils également eux-mêmes... »
D’ailleurs il n’est que de voir avec quelle insistance on
dénombre les voix obtenues : 2 millions de plus pour Hillary que pour
Donald ! On cherche la preuve que c’est le système électoral et non la
démocratie véritable qui a permis cette élection… (1) Le débat reste ouvert,
mais restons au niveau de l’affirmation de notre Citation-du-jour : est-ce que
vraiment en démocratie, les électeurs choisissent les gouvernants qui leur
ressemblent ? Ne devrait-on pas dire qu’au contraire ils recherchent le
meilleur, l’homme que justement ils ne sont pas, sans quoi ils se seraient gouvernés
eux-mêmes ?
Au fond la démocratie est le régime qui permet de poser cette
question à propos des dirigeants : pourquoi celui-ci plutôt que
celui-là ? Est-ce l’origine sociale de sa famille ? Sa
religion ? Sa personnalité ? Ses mérites personnels, qu’il soit héros
de la guerre ou milliardaire ? Ou bien son programme ?
Puisque la réponse appartient au peuple, on voudrait que ce
soit uniquement la dernière proposition : programme contre programme, et
que le meilleur gagne ! Mais il est difficile d’y croire – voyez chez
nous : un candidat clame qu’il veut réduire les impôts des plus riches,
augmenter les taxes sur la consommation, remplacer la sécu par des mutuelles
payantes, remplacer les 35 heures de travail hebdo par 39 heures, réduire les indemnités
chômage, etc… Or, voilà qu’une majorité d’électeurs se précipite sur ce
candidat : Pourquoi donc ?
- Soit
(Réponse A) : c’est la preuve de la maturité des électeurs qui comprennent
que sans sacrifice il ne sera pas possible de redresser le pays ;
- Soit
(Réponse B) : c’est la preuve de la forte personnalité du candidat qui se
dit déterminé à réaliser ces réformes radicales (les quelles ? On n’y
fait guère attention) alors que les autres sont considérés comme des ramolos.
--> Qui donc a raison ? Attendons : quand les
réformes seront faites voyons combien de manifestants seront dans la rue.
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(1) Moi je n’y crois pas : le peuple américain est
unanimement d’accord avec le système en question, sans quoi sa réforme aurait
été un thème de campagne, comme chez nous avec la proportionnelle.
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