Chaque fois
que je franchis le seuil d'une prison, pour une célébration ou pour une visite,
je me demande toujours: pourquoi eux et pas moi? Je devrais être ici, je
mériterais d'y être. Leurs chutes auraient pu être les miennes, je ne me sens
pas meilleur que ceux qui sont en face de moi.
Pape François
Un nouveau
Pape vient d’être élu : il s’appelle François. Le voici qui apparaît pour
la première fois au balcon du Vatican – Mais que fait-il ? Avant de bénir
la foule venue pour l’acclamer, il se met à genou – oui, là sur le Balcon
Pontifical ! – et demande aux fidèles de le bénir pour le soutenir dans sa
future tâche. Un Pape à genou qui demande aux fidèles de le bénir ?
C’est quoi ça ?
Eh bien,
« ça », c’est l’humilité, qui consiste à effacer les grades et les
niveaux, pour ne retenir qu’une chose : aux yeux de Dieu, nous sommes tous
aussi petits. Ce n’est pas nouveau comme idée, on sait que Pascal avait soutenu
exactement la même dans son fragment des Pensées
« Les deux infinis » (1). Est-ce par excès d’humilité qu’un Pape se
compare à un criminel et, se retournant sur lui-même se demande :
« Qui suis-je pour le condamner ? Est-ce que je vaux mieux que
lui ? » ?
Je répondrais
volontiers que c’est une parabole pour nous montrer que, comme le disait
Kierkegaard, Dieu est ce qui nous permet de comprendre le peu que nous sommes.
Ne
risque-t-on pas de basculer dans le nihilisme avec ça ? Car si le Pape affirme
ne pas avoir de valeur, alors on va se dire que rien n’a de valeur – et même que
la valeur ce n’est rien d’autre que la marque en creux dans le monde de ce qu’il
manque pour qu’il vaille quelque chose.
C’est
possible, comme il est possible de dire que la vraie grandeur de l’homme c’est
de se considérer comme étant peu de choses mais de faire comme s’il était
capable de réaliser de grandes choses.
C’est
tragique ? Et alors ?
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(1) Pascal –
Pensées Fragment §72 (classification Brunschvicg)
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