Wednesday, November 23, 2016

Citation du 24 novembre 2016

Chaque fois que je franchis le seuil d'une prison, pour une célébration ou pour une visite, je me demande toujours: pourquoi eux et pas moi? Je devrais être ici, je mériterais d'y être. Leurs chutes auraient pu être les miennes, je ne me sens pas meilleur que ceux qui sont en face de moi.
Pape François

Un nouveau Pape vient d’être élu : il s’appelle François. Le voici qui apparaît pour la première fois au balcon du Vatican – Mais que fait-il ? Avant de bénir la foule venue pour l’acclamer, il se met à genou – oui, là sur le Balcon Pontifical ! – et demande aux fidèles de le bénir pour le soutenir dans sa future tâche. Un Pape à genou qui demande aux fidèles de le bénir ? C’est quoi ça ?
Eh bien, « ça », c’est l’humilité, qui consiste à effacer les grades et les niveaux, pour ne retenir qu’une chose : aux yeux de Dieu, nous sommes tous aussi petits. Ce n’est pas nouveau comme idée, on sait que Pascal avait soutenu exactement la même dans son fragment des Pensées « Les deux infinis » (1). Est-ce par excès d’humilité qu’un Pape se compare à un criminel et, se retournant sur lui-même se demande : « Qui suis-je pour le condamner ? Est-ce que je vaux mieux que lui ? » ?
Je répondrais volontiers que c’est une parabole pour nous montrer que, comme le disait Kierkegaard, Dieu est ce qui nous permet de comprendre le peu que nous sommes.
Ne risque-t-on pas de basculer dans le nihilisme avec ça ? Car si le Pape affirme ne pas avoir de valeur, alors on va se dire que rien n’a de valeur – et même que la valeur ce n’est rien d’autre que la marque en creux dans le monde de ce qu’il manque pour qu’il vaille quelque chose.
C’est possible, comme il est possible de dire que la vraie grandeur de l’homme c’est de se considérer comme étant peu de choses mais de faire comme s’il était capable de réaliser de grandes choses.
C’est tragique ? Et alors ?
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(1) Pascal – Pensées Fragment §72 (classification Brunschvicg)

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