Les choses n'ont pas de signification : elles ont une
existence.
Pessoa
– Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes
Quand donc une chose a-t-elle une signification ? Quand
on peut la rapporter à autre chose. Une chose a autant de significations
différentes que de mises en rapports différents avec différentes choses :
l’écurie a une signification pour le
cheval et une autre pour le voyageur.
Logiquement, les choses pour autant qu’elles existent ont banalement
une existence, mais pas forcément de signification. On objet quelconque que je
ne rapporte à aucune fonction ni à aucun usage, ne cesse pas d’exister pour
autant ; simplement il est rétrogradé au stade du caillou dans le désert.
Donc contrairement à ce que dit Fernando Pessoa, les choses
ont une signification dès lors qu’une conscience s’en empare et établit une
liaison avec d’autres choses : un paysage c’est un ensemble de choses que
mon regard prend comme un tout, même si chacun des éléments pourrait fort bien
être totalement indépendant des autres. On peut dire que les planètes qui
roulent dans le cosmos n’ont aucune signification dès lors que nous ne les
voyons pas, que nous ne pouvons leur attribuer une signification.
Voyez Pluton :
« Quelle étrange planète, dites-moi ? Qu’est-ce
que c’est que ce cœur ? Quel sens cela peut-il bien avoir ? Y a-t-il
là-bas un amoureux qui passe l’éternité à écrire son amour sur la glace, un peu
comme nous sur le tronc des arbres ? » Et pourquoi pas, mais aussi
acceptons de dire qu’avant qu’un engin fabriqué par les hommes aille
photographier tout ça, ça existait déjà, mais ça n’avait pas reçu de sens – car
interroger sur le sens c’est déjà en avoir.
Pessoa imagine notre monde comme une planète sans
observateur. Il aura raison dans … quelques milliers de siècles, quand nous
aurons fini de cramer toutes les ressources de notre bonne vieille terre et que
la dernière conscience aura fermé les yeux.
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