La volonté générale est toujours droite et tend toujours à
l’utilité publique : mais il ne s’ensuit pas que les délibérations du
peuple aient toujours la même rectitude. On eut toujours son bien mais on ne le
voit pas toujours. Jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe. (1)
Rousseau
– Du contrat social, livre 2, chapitre 3 (1762)
Un doute plane sur la démocratie : le peuple souverain
agit-il de façon responsable lorsqu’il porte au pouvoir des hommes dont
certains estiment qu’ils ne sont pas en capacité de l’exercer, ou bien lorsque,
s’exprimant dans un référendum, ce qu’il décide paraît aller à l’encontre des
intérêts du pays ? Oui, aujourd’hui on va même jusqu’à dire que le referendum n’est pas le
meilleur exercice de la démocratie, et que, souvent les représentants du peuple
sont mieux à même qui lui de décider ce qui lui convient le mieux. Du coup, on
se dit que, tout compte fait, le despote éclairé apprécié par les philosophes
des lumières n’était pas si ridicule que ça.
- Le « despote éclairé », Rousseau n’en voulait surtout pas ; toutefois, il avait quelques idées sur les conditions dans lesquelles le peuple pouvait valablement exercer sa souveraineté.
Selon lui, si le peuple a toujours raison, c’est :
1° parce
qu’il exprime la volonté générale ; (2)
2° que
cette volonté générale ne s’exprime d’abord que dans son principe qui est de
vouloir ce qui représente l’utilité publique (3). En revanche, dès qu’il s’agit
de savoir ce que cette volonté doit choisir de faire dans une situation
concrète, alors elle a besoin d’être éclairée et elle doit s’en remettre à des
conseillers – les quels ne lui montrent pas forcément le meilleur choix à
suivre.
On mesure la différence avec la critique de Bauclair (cf.
note 1) qui affirme que le peuple ne veut pas forcément la volonté
générale (et donc l’utilité publique)
mais que certains recherchent leurs avantages particuliers ce qui défait
l’unité populaire. On se rappellera que Montesquieu disait déjà que la
démocratie exigeait comme lien politique et social la vertu, c’est à dire que
chacun fasse passer l’intérêt public avant son intérêt particulier
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(1) Observation de Bauclair :
« Le peuple est non seulement trompé, mais souvent corrompu ; parce
que sacrifiant l’intérêt nationale à des avantages particuliers, il se trahit
lui-même en croyant travailler à son utilité. »
(Bauclair, auteur
d’un Anti contrat social publié en
1764 et qui réfute les thèses de Rousseau)
(2) Petit rappel : « La volonté générale est l'avis
qu'exprime un citoyen, sur une question d'intérêt général, en faisant
abstraction de ses intérêts propres et immédiats, en toute conscience. Elle
s'oppose donc à la volonté particulière, individuelle, à travers laquelle chaque
individu recherche son intérêt personnel. » A lire ici.
(3) On pense alors aux droits fondamentaux et aux besoins de base.
(3) On pense alors aux droits fondamentaux et aux besoins de base.
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