Saturday, December 10, 2016

Citation du 11 décembre 2016

La volonté générale est toujours droite et tend toujours à l’utilité publique : mais il ne s’ensuit pas que les délibérations du peuple aient toujours la même rectitude. On eut toujours son bien mais on ne le voit pas toujours. Jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe. (1)
Rousseau – Du contrat social, livre 2, chapitre 3 (1762)
Un doute plane sur la démocratie : le peuple souverain agit-il de façon responsable lorsqu’il porte au pouvoir des hommes dont certains estiment qu’ils ne sont pas en capacité de l’exercer, ou bien lorsque, s’exprimant dans un référendum, ce qu’il décide paraît aller à l’encontre des intérêts du pays ? Oui, aujourd’hui on va même  jusqu’à dire que le referendum n’est pas le meilleur exercice de la démocratie, et que, souvent les représentants du peuple sont mieux à même qui lui de décider ce qui lui convient le mieux. Du coup, on se dit que, tout compte fait, le despote éclairé apprécié par les philosophes des lumières n’était pas si ridicule que ça.

- Le « despote éclairé », Rousseau n’en voulait surtout pas ; toutefois, il avait quelques idées sur les conditions dans lesquelles le peuple pouvait valablement exercer sa souveraineté.
Selon lui, si le peuple a toujours raison, c’est :
            1° parce qu’il exprime la volonté générale ; (2)
            2° que cette volonté générale ne s’exprime d’abord que dans son principe qui est de vouloir ce qui représente l’utilité publique (3). En revanche, dès qu’il s’agit de savoir ce que cette volonté doit choisir de faire dans une situation concrète, alors elle a besoin d’être éclairée et elle doit s’en remettre à des conseillers – les quels ne lui montrent pas forcément le meilleur choix à suivre.
On mesure la différence avec la critique de Bauclair (cf. note 1) qui affirme que le peuple ne veut pas forcément la volonté générale (et donc l’utilité publique)  mais que certains recherchent leurs avantages particuliers ce qui défait l’unité populaire. On se rappellera que Montesquieu disait déjà que la démocratie exigeait comme lien politique et social la vertu, c’est à dire que chacun fasse passer l’intérêt public avant son intérêt particulier
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(1) Observation de Bauclair : « Le peuple est non seulement trompé, mais souvent corrompu ; parce que sacrifiant l’intérêt nationale à des avantages particuliers, il se trahit lui-même en croyant travailler à son utilité. »
(Bauclair, auteur d’un Anti contrat social publié en 1764 et qui réfute les thèses de Rousseau)
(2) Petit rappel : « La volonté générale est l'avis qu'exprime un citoyen, sur une question d'intérêt général, en faisant abstraction de ses intérêts propres et immédiats, en toute conscience. Elle s'oppose donc à la volonté particulière, individuelle, à travers laquelle chaque individu recherche son intérêt personnel. » A lire ici.
(3) On pense alors aux droits fondamentaux et aux besoins de base.

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