Thursday, December 08, 2016

Citation du 9 décembre 2016

Qu'il est plus aigu que la dent d'un serpent / D'avoir un enfant ingrat.
Shakespeare – Le roi Lear
Tu quoque mi fili ! (Toi aussi, mon fils !)
Parole prononcée par César voyant son fils Brutus au nombre des assassins venus le poignarder au Sénat.


Vincenzo Camucci – La mort de César
Le complexe de Brutus est en ce moment fréquemment évoqué pour comprendre le geste par le quel Manuel Valls a (ou : « aurait » ?) poussé François Hollande, à qui il doit beaucoup, sur le bas-côté de la route politique (1). On dit : « On n’est jamais si bien trahis que par les siens » – Certes ; mais ce n’est ni une excuse ni une explication.
Rappelons d’abord une vérité historique : jusqu’à la fin du moyen-âge chaque fin de règne a été marquée par une fronde du fils du roi – du moins lorsque celui-ci qui tardait à mourir. Il semblait alors que l’héritier ne se contentait pas de la promesse d’obtenir le pouvoir à la mort de son père mais encore qu’il ne souffrait pas d’attendre celle-ci dès lors qu’il était en âge d’exercer le pouvoir (2). Le pouvoir politique ne se transmets pas si facilement : il doit toujours à un moment où à un autre, se conquérir. Il semblerait que la démocratie n’ait pas mis fin à cette pratique.
Au fond, on serait tenté de dire que la vie politique est anhistorique en ce sens que chaque époque y répète inlassablement les mêmes épisodes : le roi (ou le Président) enfante (adopte)  l’héritier qui lui succédera mais c’est en même temps celui qui cherchera à l’évincer. La soif de pouvoir est telle qu’on ne peut attendre le moment opportun : ainsi de Manuel Valls livrant aux journalistes du dimanche des propos qui vont déstabiliser un Président chancelant le forçant ainsi à renoncer à solliciter un nouveau mandat (cf. note infra).
Je laisse à mes lecteurs le soin de dire s’il est possible de généraliser cette observation à la vie politique toute entière : y aurait-il ici ou là, en France ou à l’étranger des conquérants assoiffés de pouvoir au point de ne reculer devant aucun excès pour l’obtenir ? Des Charlemagnes, des Robespierre, des Napoléons ou des Bolivar ?
Si l’ennui vous gagne, essayer le jeu inverse : au quel de ces personnages vous font penser nos jeunes et ardents politiciens d’aujourd’hui ?

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(1) Manuel Valls se déclare avant le Président, candidat aux Primaires de la gauche, le poussant ainsi à renoncer. Lire ici

(2) Exemple : le futur Louis XI qui s’associe à la Praguerie pour chasser son père du trône avant de lui succéder réellement.

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