Un mauvais général vaut mieux que deux bons.
Napoléon
Il est des citations dont la valeur dépend de celle de leurs
auteurs. Ainsi de cette surprenante assertion concernant l’art de la guerre,
qu’on ne retiendra que parce qu’elle émane de Napoléon, car on suppose qu’il
savait de quoi il parlait.
Oui, mais en plus de lui faire confiance, on voudrait
comprendre pourquoi il a dit cela et savoir si on peut généraliser. L’idée est
simple : une mauvaise décision est moins mauvaise que pas de décision du
tout. Or, c’est ce qui risque d’arriver si deux généraux se disputent pour
savoir qui des deux commandera la manœuvre. En revanche une manœuvre mal
organisée par un mauvais général risquera de perdre du temps et de mettre en
péril l’armée ; mais ce péril sera moins grand que d’attendre l’arme au
pied pendant que l’ennemi s’organise et charge.
Le point litigieux est d’admettre que nos deux « bons
généraux » ne seront pas d’accord sur ce qu’il convient de faire. Pourquoi
ne donneraient-ils pas leur approbation aux mêmes décisions ? Certes,
c’est sûrement ce qui doit arriver.
Mais alors le danger signalé par Napoléon se trouve
ailleurs : c’est que chaque chef d’armée veut être le seul vainqueur, et
donc être le seul à porter la responsabilité de la manœuvre. Napoléon le sait
bien, lui qui a remporté tant de victoires : pas question d’accorder l’ordre
de charger à Austerlitz à l’un de ses généraux : c’est lui seul qui a
remporté la victoire et il n’a laissé à ses généraux que des rôles
d’exécutants. Bref, un bon général ce n’est pas seulement un général capable
d’organiser la bataille ; c’est surtout un général victorieux
Sans être obnubilés par les élections françaises, songeons
que nos « Primaires » de la droite ou de la gauche ont le même
profil : ce qu’il nous faut ce n’est pas forcément le meilleur ;
c’est le vainqueur. Et il se pourrait que ce ne soit pas le même.
Bien sûr, il faut que le vainqueur soit bien malin sinon il
ne remporterait pas la victoire. Soit – Réécrivons donc la citation de
Napoléon : « Un général (= candidat aux élections) malin vaut mieux que deux (= concurrents) bons
(= sincères). » Traduisons : « Qu’importe que notre candidat élu
soit bon, du moment qu’il est le plus malin »
Vous n’êtes pas d’accord ? Et pourtant on vous dit
maintenant qu’à droite le candidat choisi est entrain de modifier le programme
sur le quel il a été élu pour se mettre en accord avec l’opinion qui va décider
de l’élection présidentielle. Autrement dit, le programme n’est pas fait pour
gouverner, mais seulement pour être élu. Si ça ce n’est pas être malin, alors
il faudra me dire qu’est-ce que c’est donc ?
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