Manger est humain, digérer est divin
Charles
T. Copland
Monsieur Purgon :
« Et je veux qu'avant qu'il soit quatre jours vous deveniez dans un état
incurable. (…) Que vous tombiez dans la bradypepsie. (…) De la bradypepsie dans
la dyspepsie. (…) De la dyspepsie dans l'apepsie. (…) De l'apepsie dans la
lienterie. (…) De la lienterie dans la dysenterie. (…) De la dysenterie dans
l'hydropisie. (…) Et de l'hydropisie dans la privation de la vie, où vous aura
conduit votre folie. »
Molière
Le malade imaginaire Acte III, scène 5
La Citation-du-jour dans son souci de vous prendre là-où
vous êtes – au ras des pâquerettes – pour vous mener jusqu’aux cimes les plus
élevées, vous propose un ballade depuis l’intérieur de votre estomac jusqu’à la
méditation concernant le Souverain Bien.
Digestion
I
Nous y voici ! Entre deux réveillons, après les
lourdeurs de la bombance d’hier on songe que le pire est peut-être à venir…
Nous savons que les lendemains de fête déchantent, parce que l’estomac peine à
digérer. Dyspepsie ! Il faut
lire Molière pour retrouver la trace des maux qu’on a pu lui attribuer.
Car n’est-ce pas, notre société de consommation nous invite
non seulement à bouffer, mais aussi à sur-bouffer et cela sans recourir aux
artifices des anorexique qui vomissent afin de ne pas avoir à digérer (croyant
imiter ainsi les romains décadents – ce qui n’est soit-dit en passant que
médisance). Pouah ! Nous valons mieux que ça !
Et c’est dans ces moments difficiles qui nous nous mettons à
philosopher.
- Ah !... Vraiment c’est ce qu’on ne voit ni n’entend
qui est le plus important. Quand Willem Reich parlait du silence des organes, quand une eau minérale prenait comme slogan de
son efficacité « Mon foie connais
pas ! » on soulignait une vérité bien oubliée aujourd’hui :
l’essentiel est caché, dans les profondeurs de l’organisme, mais aussi dans les
profondeurs de l’Etre. Soyons attentif au secret qui environne les grandes fonctions
du corps, et soignons-le en respectant les conditions de ce fonctionnement
silencieux : voilà ce qu’on peut faire de mieux pour jouir de la vie.
Epicure le disait quand il affirmait qu’on devait éviter les excès qui nous
ruinent la santé et qui nous mettent par leur coût dispendieux sous la coupe
des riches qui consentent à nous les fournir, mais sûrement pas sans
compensations fâcheuses.
- Pour notre réveillon, il faut donc éviter le homard
français et le caviar iranien ? Mais alors, que choisir ?
Consultons donc Epicure, le philosophe qui voit dans le
plaisir le souverain bien, et écoutons ses leçons : « Ce ne sont pas les beuveries et les orgies continuelles, les
jouissances des jeunes garçons et des femmes, les poissons et les autres mets
qu'offre une table luxueuse, mais la raison vigilante, qui recherche
minutieusement les motifs de ce qu'il faut choisir et de ce qu'il faut éviter et qui rejette les vaines opinions,
grâce auxquelles le plus grand trouble s'empare des âmes. » Epicure –
Lettre à Ménécée.
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