Friday, December 16, 2016

Citation du 17 décembre 2016

Quand un homme cuisine, c'est pour jouer, pour tenter une acrobatie culinaire qui provoquera des rires ou des exclamations. La même chose en soi prend des significations très différentes selon le sexe.
Boris Cyrulnik – Les nourritures affectives
Réveillon de Noël (III)
Le réveillon des messieurs
Après le réveillon jeunes filles, et puis celui des dames, voici le réveillon des messieurs. Non pas que les conseils de ces derniers jours n’aient pas de valeurs pour eux, mais voilà : quand il s’agit de cuisiner – et on supposera que vous ne commandez pas votre réveillon chez Picard – les messieurs et les dames ne s’y prennent pas de la même façon, parce qu’ils ne cherchent pas la même chose.
Si les femmes cuisinent c’est pour capter l’attention des hommes non pas sur la dinde farcie ou le homard thermidor,  mais sur leurs beaux yeux et leurs jolies lèvres dessinées au pinceau (1). Les hommes quant à eux aiment particulièrement cuisiner pour les grandes occasions. Bien que désormais nombre d’entre eux se mette au fourneau au quotidien, il n’en reste pas moins, comme le dit Cyrulnik, que « les hommes cuisinent pour étonner », –  et cet étonnement peut fort bien être le début de la séduction. En tout cas, on comprend que si la cuisine est sexuée, ce n’est pas que le sexe soit forcément pour elle un but mais plutôt une origine.
Donc c’est pour les messieurs qu’en cette période de l’année sont proposés dans les hypermarchés des steaks d’autruche, des rôtis de kangourous, et – à ne pas oublier – des insectes en amuse-gueule (2)

… Alors, je sens bien qu’après la lecture de ces trois Posts consacrés au réveillon, une question brûle les lèvres de mes lectrices  et de mes lecteurs : compte tenu des différences d’orientations entre les jeunes-filles, les femmes et les hommes, comment ces réveillons « genrés » pourraient-ils faire un seul heureux et fécond moment d’intimité ?
A chacun de faire comme il veut. Moi je propose de garder le réveillon masculin (mesdames, demandez à votre (futur) chéri de prendre la commande de la cuisine (quant à vous messieurs imposez-vous un peu !)) ; puis lancez la conversation, mais ne restez pas au niveau des commentaires sur l’avenir de l’humanité grâce aux fermes d’élevage de criquets ; si vous mangez de l’autruche, songez à évoquer le premier matin du monde avec le réveil de la faune dans les parcs animaliers d’Afrique du Sud. Et alors le coup de l’épaule accueillante sur le canapé devant le feu de bois devient tout naturel…
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(1) Je laisse bien évidemment de côté le cas des femmes-nourrices qui, nanties de bras gros comme des jambons d’York, vous balancent la louche de soupe aux pois dans l’assiette.
(2) Quelques conseils néanmoins avant de vous lancer (lire ici) :
            - Vérifier que les insectes achetés portent la mention « insectes comestibles » pour la consommation humaine.
            - Certaines espèces comme les vers de farine peuvent être réduites en poudre. La farine tamisée pourra alors entrer dans la réalisation de plats ou de desserts.

            - Dans le cas d'insectes frits, les plonger quelques secondes seulement dans la friture.

2 comments:

FRANKIE PAIN said...

mon reveillon étant en tête à tête avec moi je souffle
ce sera gouteux pour la bouchée me fasse oublier mon chagrin,
d'être seule et surtout la raison de cette solitude.
je vous embrasse

Jean-Pierre Hamel said...

- Oui, on peut considérer que l’homme est un être qui aime détruire les autres ; mais nous en avons pourtant besoin pour vivre. Kant estimait que cette contradiction était une conséquence bienfaisante de notre nature, car toute la compétition par la quelle nous tentons de surpasser les autres entraine un progrès bénéfique à la société. Il appelait ça « l’insociable sociabilité »