Heureux chocolat, qui après avoir couru le monde, à travers
le sourire des femmes, trouve la mort dans un baiser savoureux et fondant de
leur bouche.
Brillat-Savarin
Noël… Trêve des confiseurs… Moment de bonheur comme suspendu
entre l’avant et l’après, où le présent constitué par la mise en bouche d’un
chocolat raffiné dure une éternité (cf. Post d’hier).
Raison de plus pour la Citation-du-jour de chanter les louanges du
chocolat.
Quoique… à quoi bon
chercher des mots pour célébrer le chocolat ? Pour cela il faut et il
suffit de le laisser fondre dans la bouche – à moins de préférer le chocolat à
croquer.
Mais Brillat-Savarin ne s’avoue pas vaincu :
il veut parler du plaisir – et en
particulier de celui de manger du chocolat. Comment faire ?
Sa réponse est la suivante : on peut évoquer une
jouissance en la rapportant à une autre jouissance : ainsi donc le
plaisir que donne le chocolat peut se comprendre en pensant à un autre plaisir.
Alors, à quoi nous fait penser « la
mort dans un baiser savoureux qui fait fondre dans la bouche des femmes » ?
- Oh ! Shocking ! Ça y est, tout le
monde à compris : la mort est la « petite mort » et le baiser savoureux est « la petite gâterie » ; quant au
bonbon fondant au chocolat, je vous laisse imaginer ce qu’il est.
Brillat-Savarin est un drôle de coco : il suppose que
son allusion sexuelle est plus transparente que toute autre description de la
saveur du chocolat. Admettrons-nous que ce soit là l’effet de coutumes propres
à son époque (1) ? Sans doute.
Maintenant j’imagine que certains vont utiliser ce Post à
des fins un peu spéciales.
- Chérie ! Chérie ? Tu sais quoi ? Pour Noël,
je pensais t’offrir des chocolats, et puis j’ai pensé que c’était bien banal.
Il paraît que Brillat-Savarin a écrit que certaines « petites
gâteries » (tu vois de quoi je parle ?) donneraient le même plaisir
que de croquer du chocolat - et en plus
ça ne fait pas mal au foie. On devrait essayer, tu crois pas ?
C’est une bonne idée, hein Chérie ?
(Au cas très improbable où votre Chérie ne comprendrait pas
l’allusion, faites-lui voir cette video – en ayant soin de couper les toutes
dernières secondes)
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(1) La physiologie du goût date de 1825. Pour la
« petite gâterie », les messieurs de l’époque avaient recours aux
services de professionnelles dont on disait le plus grand bien.
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