- TOINETTE – Que diantre faites-vous de ce bras-là?
ARGAN – Comment?
TOINETTE – Voilà un
bras que je me ferais couper tout à l'heure, si j'étais que de vous.
ARGAN – Et pourquoi?
TOINETTE – Ne
voyez-vous pas qu'il tire à soi toute la nourriture, et qu'il empêche ce
côté-là de profiter ?
ARGAN – Oui ;
mais j'ai besoin de mon bras.
TOINETTE – Vous avez
là aussi un œil droit que je me ferais crever, si j'étais à votre place.
ARGAN – Crever un œil ?
TOINETTE – Ne voyez-vous
pas qu'il incommode l'autre, et lui dérobe sa nourriture ? Croyez-moi,
faites-vous-le crever au plus tôt : vous en verrez plus clair de l'œil gauche.
Molière
– Le Malade imaginaire Acte III Scène 10
- « Supprimer 500 000 fonctionnaires c’est réaliste
mais (c’est en plus) absolument nécessaire : aujourd’hui nos finances
publiques sont dans un état catastrophique, il faut réduire la dépense publique
et donc diminuer le nombre de postes dans la fonction publique. »
Serge Grouard, député LR et soutien de François Fillon
Lors des vœux pour la nouvelle année, beaucoup ont souhaité
à leurs parents et amis de disposer d’une dose d’optimisme suffisante pour
affronter les échéances électorales du printemps. Mais est-ce justifié ?
Fidèle à son principe de vérité La citation-du-jour aborde ainsi
l’un des concepts le plus surprenant du candidat « Les Républicains »
(sic), à savoir la suppression de 500000 postes dans la fonction publique :
comment pourrait-on se priver d’un demi-million de fonctionnaires alors que
très souvent les services publics brillent déjà par leur absence ?
Monsieur Fillon prétend compenser cette saignée par l’augmentation de 35 à 39
heures de travail par semaine (1). Certains contestent ce chiffre mais de toute
façon, voilà qu’on dit quand même aux fonctionnaires :
- « Vous êtes le boulet qui tire la France vers le bas.
Ne voyez-vous pas que vous tirez à vous
toute la nourriture, et que vous empêchez le reste du pays de profiter ? »
Du coup les citoyens pourront en effet profiter d’une baisse
d’impôts puisqu’on n’en aura plus besoin pour payer les fonctionnaires, les
cantonniers, les infirmières ou les gardiens de prison.
- Houlà ! Voilà la réalité : c’est qu’il faudra
payer des vigiles, des places pour nos enfants en écoles privées, des
paysagistes pour nos jardins publics et nos ronds points, des postiers salariés
par des entreprises privées…
- Ah… C’est vrai, il faudra compenser. Mais vous allez être
débarrassés de ces fonctionnaires qui
vous incommodent et vous dérobent la nourriture.
Et ça, ça n’a pas de prix !
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(1) 39 heures payées 37, sinon l’opération serait blanche.
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