Comme la
confiance est la santé des monarchies, ainsi la défiance est la santé des
Républiques
Alain – Le culte de la Raison comme
fondement de la République (Voir citation complète en annexe – Lire le texte
complet ici)
A un ami chinois qui demandait quel avantage
je trouvais à la démocratie, je répondis ceci : « la démocratie donne
au peuple le pouvoir de chasser les gouvernants qui lui déplaisent. »
Après tout, voilà une vérité qui n’est peut-être pas exhaustive, mais qui n’en
reste pas moins authentique.
Toute fois,
si je reviens sur la phrase d’Alain, c’est pour souligner que selon lui, cette
défiance n’est pas du tout le symptôme d’une maladie de la démocratie, mais au
contraire un signe de santé. On ne saurait d’ailleurs oublier que cette
défiance est au cœur des débats aujourd’hui même avec le projet de « 49.3
citoyen » (1).
On croit bon
de faire de la confiance dans les gouvernants le principe de la
démocratie ; mais n’est-ce pas livrer le peuple pieds et poings liés à
l’arbitraire du pouvoir ? Ne ferions-nous pas mieux de nous méfier :
les règles de la démocratie ne seraient-elles pas justement destinées à
empêcher les manifestations d’hostilité : une fois le scrutin terminé, le
pouvoir est aux mains des élus, et rien ne doit s’opposer à son exercice – « Rentrez
chez vous, il n’y a rien à voir ! »
Mais la
défiance dont parle Alain a encore une autre justification, qui remonte à fort
loin (2) : le pouvoir souverain ne se divise pas, il est et reste tout
entier dans les mains de ceux qui le possèdent légitimement – autrement
dit : le peuple. Le fait que celui-ci le délègue par scrutin, n’empêche que
cette délégation soit conditionnelle, et que jamais cet exercice du pouvoir ne puisse
être entièrement soumis au bon vouloir des gouvernants délégués. Occasion de
signaler la différence entre la monarchie et la démocratie : celle-ci ne
peut être une monarchie temporaire, comme si le chef démocratique était un roi
dont les jours seraient comptés.
D’ailleurs,
les Présidents africains l’ont bien compris eux qui refusent de quitter le
pouvoir quand les urnes le leur commandent.
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(1) Le 49.3
citoyen qui permet à 1 % des inscrits sur les listes électorales (environ 400
000 personnes) de peser sur les décisions. Comment ? En signant une pétition
pour «soumettre un texte à l’examen des
deux chambres du Parlement, après avis du Conseil d’Etat», le citoyen
pourra «proposer à référendum un projet
de loi» et «suspendre la promulgation
d’une loi» - Lire ici
(2) Jean
Bodin – Les six livres de la république (1576) (On peut lire un abrégé ici)
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