Sunday, January 15, 2017

Citation du 16 janvier 2017

Ces deux mots fatals : le mien et le tien.
Cervantès
Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l’homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur terre. Par-là, il est une personne (…) c’est-à-dire un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise.
Kant –  Anthropologie du point de vue pragmatique (lire ici)

Le « tien » ; le « mien » : par quoi remplacer ces mots fatals ? Par : « le nôtre ». ?
Admettons : cette affirmation étant entendue, reste à dire à quoi elle s’applique.
- Pas à ma brosse à dents ou à quelque objet intimes que ce soit.
- Pas à mon fils ma fille ma femme.
--> Quoi que… Notre fils : oui ; notre fille : ça va ; notre femme… là ça coince.

Trêve de balivernes : ce que Cervantès nous invite à refuser ce n’est pas tant la propriété individuelle, rejetée au profit de la propriété collective, mais c’est la propriété tout court. Car ce qui importe, ce n’est pas de savoir qui possède mais ce qu’on peut posséder.
Kant disait qu’on avait des devoirs de respect envers les êtres humains parce qu’ils disposaient du « Je pense », mais que par contre on pouvait disposer comme bon nous semble des animaux (Lire ici). Occasion de dire combien partout où des hommes et des femmes sont considérés comme des choses qu’on peut posséder – acheter ou  vendre – on est dans la barbarie.
- Partout ? Pas chez nous tout de même ?
Eh bien… Voyez ce qui se passe avec les migrants, ceux qu’on a chassés de la jungle de Calais, ceux dont on a détruit le fragile abri à coup de pelleteuse, ceux qui ne survivent que parce que certains humains estiment qu’on n’a pas le droit de faire ce qu’on veut avec d’autres êtres humains. Pourtant les dirigeants qui prennent ces responsabilités indignes sont bien des être doués de conscience morale ; certains se définissent même comme de bons catholiques. Alors, comment est-ce possible ?

Il faudrait leur demander. Quant à  moi, je suppose que cela tient au fait que, dès qu’on considère non pas la personne humaine individuelle, mais le groupe, le collectif, la masse, alors on perd le sens de leur humanité, ce ne sont plus des êtres « qui possèdent le Je », on n’a plus affaire qu’à une masse impulsive, qui se plaint, qui se met en colère, qui tremble. Et le pire, c’est qu’on ne revient pas à la perception de l’individu comme ça. On voit chaque migrant comme afghan ou comme syrien ou – encore plus près de chez nous, au coin de la rue – comme rom.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

je reviens pour le commentaire
je vous embrasse jean pierre