L'homme n'est jamais moins seul que lorsqu'il est seul.
Cicéron
Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie
Paul
Valéry (Cité le 11-01-2006)
Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est
de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.
Pascal
Pensées – Fragment 139 (classification Brunschvicg)
Celui qui connaît l'art de vivre avec soi-même ignore
l'ennui.
Erasme
(Cité le 19-06-2014)
Comme on le voit je suis souvent attiré par la question de
la solitude : qu’est-ce qui se passe quand on est seul d’une
solitude stricte, c’est à dire sans âme-qui-vive dans les environs, un peu
comme le navigateur solitaire à la barre de son bateau ?
1 – En réalité, on
n’est jamais moins seul que quand on est seul. Autrement dit, le rapport à
autrui commence avec le rapport à soi-même vu comme représentation de soi et
non comme expérience du vécu immédiat. Et cette fréquentation de soi-même est
une épreuve où se révèle le rapport à l’autre
dans toute son étendue. Faut-il le rappeler ? Je est un autre disait Rimbaud (1).
2 – Se retrouver seul face à soi même peut être la plus
terrible épreuve, car c’est celle de la vérité. C’est ce que dit Pascal, ce qui
laisse entendre que la présence des autres est non seulement inessentielle mais
surtout qu’elle nous détourne (= nous « divertit ») de l’essentiel, à
savoir la reconnaissance de notre misère.
3 – Mais c’est là présupposer une faille, une blessure, dans
l’âme humaine. Si seulement nous pouvions nous ouvrir à la création qui fuse de
notre esprit, comme le recommande Rimbaud, ne pourrions-nous pas nous
émerveiller de ce feu d’artifice jaillissant et nous admirer nous-mêmes dans
nos créations ? On reprochera sans doute à cette joie son caractère
perversement narcissique. Certes, mais après le jaillissement, vient le moment
de la rectification : moment
douloureux parfois, mais aussi moment de lutte avec soi-même, où notre propre
valeur n’est plus une expérience narcissique, mais un idéal qu’on n’atteindra
sûrement pas, mais qui nous servira de repère pour notre marche en avant. Le
rapport aux autres peut alors parfaitement être réintégré, comme une variable
parmi d’autres de l’évaluation de notre moi.
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(1) La lettre du voyant (voir ici) ; on y lit que le
génie a ceci de particulier qu’il s’étonne lui-même de ses créations, comme si,
justement, elles venaient de quelqu’un d’autre.
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