Tuesday, March 14, 2017

Citation du 15 mars 2017

Plus ça change, plus c’est la même chose.
Alphonse Karr – Les Guêpes
De quoi avons-nous le plus besoin ? De changement, et c’est bien cela que nous promettent les prétendants au pouvoir présidentiel : la rupture, oui ! C’est cela qu’il nous faut : comme les choses vont mal, on doit les changer si l’on veut que ça aille mieux.
Seulement voilà : Plus ça change, plus c’est la même chose.
Du coup les électeurs se partagent en deux camps : les uns disent : « Essayons ce qu’on n’a jamais tenté : visons les extrêmes là où l’on n’est jamais allé, là où ça devrait changer vraiment ! ». Les autres disent : « C’est fini. Fi-ni ! Je ne me dérangerai plus jamais pour voter : tous pareils, tous corrompus, tous ardents défenseurs de leur seul intérêt, jamais de celui du peuple. »
Pourquoi cette recherche de changement, sinon parce que nous sommes insatisfaits des politiques menées depuis – disons 30 ans, même si c’est beaucoup plus ancien que cela – et qu’on ne veut plus continuer ? Seulement, on en tient pas compte de la durée nécessaire aux changements : combien de temps faut-il attendre pour espérer en voir un porter ses fruits ? Par exemple, aurait-on l’idée, après avoir planté un pommier, de l’arracher l’été suivant parce qu’on est déçu de la récolte ? Bien sûr il lui faut du temps pour arriver à maturité – sous réserve qu’on ait choisi l’arbre qui va s’acclimater au pays. Mais comment le savoir ? Attendre pour voir, ou  bien écouter les pronostics des arboriculteurs qui ne connaissent rien à la région, ni à son climat, ni à son sol, et qui ne cherchent qu’à faire les savants qu’ils ne sont pas ?
Mais toute cette philosophie de coin de comptoir n’est pas transposable à la vie politique. Car ce qu’il faut changer, ce ne sont pas les candidats, ni ceux qui commentent la vie politique : c’est nous qu’il faut changer, nous qui prétendons acheter le progrès par nos votes comme on achète la soupe en boite : un tour de clé et hop ! c’est servi.
Nous avons une vie trépidante, dans le changement, ou plutôt dans l’éternel retour de ce qui a changé. On croit alors que tout va comme ça, que les pommiers donnent des fruits à peine plantés et qu’une politique donne des résultats dès qu’elle est votée. Contre quoi il faut se rappeler que le temps est une constituante même des choses.

« Il faut attendre que le sucre fonde » disait Bergson à propos du morceau de sucre qu’il mettait dans son verre d’eau durant ses cours au Collège de France. Chaque chose à sa temporalité : celle de nos besoins n’est pas la même que celle de la nature. Nous forçons la nature à donner des fruits en 6 mois et nous pensons que de nouvelles taxes donneront un progrès social en moins d’un an. Mais quand on voit les résultats des élevages de veaux forcés aux hormones, on se dit qu’il ne serait pas raisonnable de vouloir faire la même chose en économie.

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