Corydon, marche devant ; / Sache où le bon vin se vend ; /
Fais rafraîchir la bouteille, / Cherche une feuilleuse treille / Et des fleurs
pour me coucher. / Ne m’achète point de chair, / Car, tant soit-elle friande, /
L’été je hais la viande ;
Achète des abricots, / Des pompons, des artichauts, / Des
fraises et de la crème / C’est en été ce que j’aime, / Quand, sur le bord d’un
ruisseau, / Je les mange au bruit de l’eau, / Etendu sur le rivage / Ou dans un
antre sauvage.
Ronsard - J’ai l’esprit tout ennuyé
La
vie quotidienne de Pierre Ronsard 2
Comment
vivait-on au 16ème siècle ? Peut-être vivait-on dans les
chaumières de pain sec et d’une cruche d’eau ? Ou dans les châteaux
de petits oiseaux rôtis et de tartines de miel ?
Mais
très vite on devine que quant à nous nous pourrions espérer vivre comme et
comme Ronsard – eux, en tout cas nous donnent les détails pour nous y repérer.
- Hier, au petit matin, nous avons suivi Ronsard alors qu’il
tentait de réveiller la belle endormie qui avait partagé sa couche. Il est
maintenant midi ou à peu près. Nous retrouvons Ronsard, qui a « l’esprit tout ennuyé » par la
matinée d’étude qu’il vient de passer enfoui dans ses livres, et qui estime que
ce temps est du temps perdu parce qu’il vaut mieux « manger au bruit de l’eau / Etendu sur le rivage… ».
C’est l’été et c’est décidé : ce sera un déjeuner sur
l’herbe. Ronsard a fixé le menu : retenons-le, car il est assez précis
pour être reproduit aujourd’hui. Déjà, observons qu’il n’y aura pas de
barbecue : la viande en été, ce n’est pas très recommandable (il est vrai
que du temps des poètes de la Pléiade la chaine du froid était inconnue). Mais
du vin, oui, ça, il en faut. Du rosé ? Peut-être pas, mais un vin frais,
venu de la feuilleuse treille, ça –
oui. Ajouter les fruits et les légumes frais, les artichauts, les fraises
avec la crème : oui, tout cela nous savons quelle en est la saveur et nous
pouvons gouter le repas de Ronsard comme lui-même l’a gouté, tout comme nous
pouvons imaginer en rêve déjeuner sur l’herbe avec Manet.
Nous sommes alors au 19ème siècle, mais,
qu’est-ce que ça change ? La belle dame ne serait-elle pas par hasard
Marie, la belle endormie rencontrée hier ?
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