Contre l'imprévisibilité, contre la chaotique incertitude de
l'avenir, le remède se trouve dans la faculté de faire et de tenir des
promesses.
Hannah
Arendt - 1906-1975 - Condition de l'homme moderne - 1958
Hannah
Arendt – Une philosophe se penche sur l’avenir 2
(En cette période où l’incrédulité le
dispute au dégoût devant les puanteurs dégagées par la campagne électorale
française, voici un peu de lucidité, venue d’ouvrages écrits il y a plus de 50
ans par la philosophe Hannah Arendt. Ce
qui était vrai en 1958 l’est resté aujourd’hui et c’est d’autant plus
signifiant que nous étions prévenus)
Devant la « chaotique
incertitude de l’avenir », nous n’avons que deux attitudes
possibles : nous en remettre à un ordre supérieur issu de la nature ou la
Providence, admettant que le chaos n’est en réalité que le reflet de notre
ignorance. Ou alors chercher l’homme providentiel qui connaitra ces forces, qui sera assez puissant et qui pourra peser sur
le cours des choses.
Seulement voilà : encore faut-il avoir confiance en
lui. « Je vous ai compris ! »
criait de Gaulle aux algérois qui demandaient le maintien de l’Algérie
française en 1958, juste avant de négocier avec le FLN et de signer les accords
d’Evian. Si on ne pouvait alors avoir confiance dans la personne du Général, en
qui pourrions-nous, aujourd’hui, avoir confiance ?
Car, notez la difficulté dans la quelle nous sommes :
nous (= les français dont je sonde chaque matin les cœurs et les reins) avons
peur de l’avenir parce que nous devinons qu’il n’est pas un chemin de
roses ; et voilà que nous avons à choisir, entre plusieurs candidats, le
dirigeant dont non seulement on approuve les promesses, mais en qui nous
pouvons en plus avoir confiance qu’il les tiendra. Or, bien malin qui devinera
celui en qui nous pouvons avoir cette double confiance. Car enfin, si le
programme déroulé durant la campagne électorale donne bien un indice du
premier, il reste néanmoins silencieux quant à la confiance qu’on peut avoir
dans le candidat en question. Inutile de rappeler les campagnes
précédentes : la surprise c’est bien que les électeurs se plaignent
d’avoir été trompés alors que c’était évident que les promesses étaient
intenables (1).
Qui donc pourrait se satisfaire d’une telle situation ?
Ceux qui, stoïquement s’en remettent à la Nature ou à l’Histoire estimant que
les actions humaines n’y peuvent rien ? Ou alors ceux qui ont une vision
prométhéenne de l’avenir ?
Mais il y a aussi les petits malins qui demandent justement
que rien ne vienne discipliner l’avenir, et qui espèrent que du chaos sortira
un avenir radieux. Le coup de pied dans la fourmilière, et on verra bien ce que
ça donnera…
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(1) Certains ironisent : en période électorales, les programmes consistent à demander plus à l’impôt et moins au contribuable…
(1) Certains ironisent : en période électorales, les programmes consistent à demander plus à l’impôt et moins au contribuable…
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