Que toute loi soit claire, uniforme et précise :
l'interpréter, c'est presque toujours la corrompre.
Voltaire
– Dictionnaire philosophique
La loi est toujours quelque chose de général et (…) il y a
des cas d’espèce pour lesquels il n’est pas possible de poser un énoncé général
qui s’y applique avec rectitude.
Aristote
– Ethique à Nicomaque, V, 14
Nous voici dans la difficulté maintes fois signalée de
distinguer entre l’esprit et la lettre de la loi. Si la formulation littérale
de la loi doit être adaptée pour pouvoir s’appliquer à la situation concrète,
il n’en est pas moins vrai que c’est en conformité à l’esprit de la loi qu’il
convient de le faire, comme le signale Aristote. D’où la présence des juges
dont le métier et l’engagement est d’opérer cette adaptation sans trahir la
volonté du Législateur.
Mais dans l’idéal la rédaction de la loi devrait être
suffisante pour dispenser de recourir aux jurisprudences, ou du moins de
justifier celles qu’on serait contraint utiliser. Derrière tout cela se profile
le fantasme d’un justice sans juges, comme par exemple celle du talion,
puisqu’alors comme le disait Montesquieu, la peine découle nécessairement de la
faute : « C’est le triomphe de
la liberté, lorsque les lois criminelles tirent chaque peine de la nature
particulière du crime. Tout l’arbitraire cesse ; la peine ne descend point du
caprice du législateur, mais de la nature de la chose ; et ce n’est point
l’homme qui fait violence à l’homme. » (Montesquieu – De l’esprit des
lois, livre 12, chapitre 4)
L’idéal ne serait-il pas de remplacer le juge par un
ordinateur correctement programmé pour évier toute subjectivité, donc tout
risque d’arbitraire dans la sanction ? Après tout si l’on tient justement
compte de la remarque d’Aristote, une gigantesque base de données, couplée avec
une intelligence artificielle lui permettant d’évoluer, pourrait combler les
lacunes de la loi en donnant à chaque cas la jurisprudence adaptée.
Et puis, si vous changer de culture, pas de problème :
il suffit d’avoir le programme correct. En Arabie saoudite, vous appuyez sur la
touche « Charia » et vous savez instantanément le nombre de coups de
fouet à infliger.
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