Quand il n'y a plus de place en enfer les morts reviennent
sur terre
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pour Zombie (1978) film de Georges Romero
La mort récente de George Romero nous rappelle l’étrange
malaise qui saisit le spectateur dès la première séquence de son film La nuit des morts vivants. Cette image
grisâtre, ce cimetière paysager – et puis, de loin ces formes humaines qui
apparaissent et qui approchent. Des hommes, des femmes, en apparence normaux –
ou presque. Et tout dans ce film tient à ce « presque ». Ce sont des
« presque » morts mais ils
sont seulement « presque »
vivants (1). Alors que dans d’autres films horrifiques, les
« zombies » (pour les appeler par leur nom « officiel »)
sont défigurés, rongés par les vers et animés de la pire violence envers les
gens normaux, ce sont ici des gens qui n’ont qu’une envie : celle de
manger – à commencer par les vivants. Et c’est leur détermination silencieuse,
leur force démultipliée par leur nombre qui nous terrifie.
Romero a bénéficié d’un hasard extraordinaire : alors
que le héros de son film, incarné par un noir, est tué par le policier blanc qui l’a
pris pour un zombie, La nuit des morts
vivants est sorti en salle juste au moment de l’assassinat de Martin Luther
King – lui donnant une signification sociale que Romero n’a jamais récusée.
Mais ne croyons pas que l’histoire s’en tienne là : le
malaise engendré par ce film est réactivé à chaque moment de l’histoire par les
méandres de la vie sociale : il ne suscite la terreur que parce qu’il
désigne ce dont nous avons déjà peur. Car si ces hommes et ces femmes qui
tendent leurs mains pour prendre tout ce qu’ils pourraient consommer, qui vous
assiègent dans votre maison la nuit et le jour, qui gémissent à votre porte
pour mieux dévorer la main que vous leur tendez,
Image
extraite de La nuit des morts vivants (1968)
- oui, si tous ces zombies étaient en ce moment regroupés à
Calais à la Porte de la Chapelle ou sous les porches de vos rues ?
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(1) On rebaptise parfois ce film La nuit des survivants.
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