Sunday, July 30, 2017

Citation du 31 juillet 2017

Le viol est le seul crime où la victime devient l’accusée.
Anonyme
« Ça se passe au Pakistan. Une fillette de 12 ans est violée par un garçon de 17 ans : de quoi ruiner l’honneur de la famille de la fillette, dans une culture où la honte d’un tel acte retombe sur la victime et non sur l’agresseur. Le panchayat (cours de justice locale) décide que l’honneur de la famille de la victime serait lavé si son frère violait lui-même la sœur de l’accusé. Celle-ci qui a 16 ans est trainée au milieu de la nuit jusque devant le conseil, et la « réparation » exécutée en public »
Libération, le 28 juillet 2017 – page 9
Voulant rédiger un Post sur cette information, je suis allé picorer les citations concernant le viol dans les encyclopédies en ligne. Et là, stupéfaction : pratiquement aucune ne fournit de citation concernant le viol sexuel (des femmes en particulier) – ceci d’autant plus incompréhensible que le dictionnaire de droit décrit avec une extrême précision la nature du viol (article 222-23 du Code pénal à lire ici)
En fait dans certaines sociétés le viol apparaît comme une manière d’atteindre non pas les femmes mais les hommes – ceux de sa famille ou de son clan. Au point qu’il soit non pas l’expression de la libido masculine, mais bien de la violence voulue et calculée (on dirait presque : raisonnable), comme le serait l’usage d’une arme
Et c’est là que cette histoire incroyable nous est racontée : deux viols dont l’un est effectivement libidineux et l’autre est une sanction judiciaire, comme les  coups de fouet ou la dégradation publique.

Il y a tant de choses à dire, tant de frémissements d’indignation contenus à la lecture de cette histoire qu’on ne sait par où commencer. Tentons quand même de le faire, même si on en oublie en route.
- Déjà, la loi du Talion. Œil pour œil, dent pour dent. Sauf que ce n’est pas le violeur qui sera violé mais sa sœur. On comprend que la victime visée par ce viol n’est pas la femme (jugée quantité négligeable ?) mais sa famille sur la quelle le déshonneur va retomber. Seul le déshonneur infligé peut laver le déshonneur subi.
- La femme, propriété exclusive de sa famille et puis ensuite du mari. Souiller une femme, c’est montrer que son « propriétaire » n’a pas pu la protéger. En enfermant sa femme, on ne montre certes pas qu’elle est vertueuse, mais qu’importe ? Ce qui compte, c’est de montrer qu’on a le pouvoir de la « protéger » des prédateurs.
- L’honneur enfin, valeur devenue bien secondaire chez nous, mais qui dans des sociétés traditionnelles au contact des quelles nous vivons du fait des migrations, apparait avec force dans de multiples situations (comme de ne jamais signer de contrat, la poignée de mains entre contractants suffisant).
- C’est vrai que chez nous aussi on a beaucoup tué pour laver son honneur. Toutefois, l’affront était personnellement subi. Mais dans le cas évoqué aujourd’hui, c’est sur la tête de la femme que repose l’honneur des hommes. Et là c’est la pire des situations.

5 comments:

Yasmine Djelfaoui la cheminante said...

Corrections :

Ce n'est pas "sur la tête des femmes" que repose le pseudo honneur des porteurs de pénis mais bien entre leurs cuisses !!!! Ce qui est nettement différent !!!

Et il ne s'agit pas plus de pseudo protection que d'honneur mais bel et bien de rapports de force d'une violence (même sous-jacentes) inouïe car tous sont soumis aux dictats des plus brutaux (notez bien que je n'utilise pas le mot romantico-péjorativo-galvaudé de fort) et les plus serviles (faibles ??? Que nenni !!!) s'en prennent (histoire de se défouler un peu et diminuer leur honte "incognito") aux femmes !!!

Jean-Pierre Hamel said...

Je persiste à croire qu’il y a un « code de l’honneur » de la famille au terme du quel les femmes sont considérées comme dépositaire de celui-ci. Du coup, comme il apparaît encore souvent aujourd’hui, le viol est un moyen d’humilier et d’affaiblir certes évidemment les femmes, mais aussi en premier objectif les hommes de leur famille ou de leur clan.
C’est ainsi que le viol « militaire » est largement répandu dans les conflits (Moyen-Orient et Afrique sub-saharienne) : on distribue même du Viagra aux soldats pour qu’ils puissent violer plus de femmes. Cet acte peut bien avoir des motivations psychologique au niveau des individus, mais le viol « de rebond » qui vise les hommes à travers les femmes ma paraît difficilement contestable.
Cordialement
J-P H

Yasmine Djelfaoui la cheminante said...

Je ne conteste pas, je précise la position de femme algérienne soumise aux dictats du dit "code d'honneur" à la fois islamique ET clanique traditionaliste berbère qui me (nous) réduit à des objets usuels et "contractuels" pour satisfaire la pseudo fierté penniséale (oui, oui, je suis poète dans l'âme je me donne donc droit d'inventer des mots :-) et ce quel que soit notre milieu, notre éducation, nos "libertés" ça en revient toujours à cela !!!

N'oubliez pas aussi l'hindouisme par exemple où la vache est "sacrée" et la femme (encore et toujours) un objet usuel et contractuel à la solde des porteurs de pénis arriérés et obtus et ignorants même d'eux-même !!!

Cordialement

Jean-Pierre Hamel said...

- Je crois que nous sommes d’accord : je vous concède qu’en France on oublie un peu trop facilement que la femme qui ne redoute le viol qu’en cas de guerre est bien chanceuse.
- Je crois aussi qu’on a tort de tout mettre « sur le dos » des religions. En fait elles ont toutes validé, à un moment ou à un autre, cette infériorisation des femmes ; simplement les religions ne sont que l’expression du degré d’évolution des sociétés. Ce sont elles, ces sociétés, qui sont en cause et les religions ne font que suivre : ainsi de la religion catholique il y a un voire deux siècles.
- Je trouve que « pénnisséal » a fiere allure, et j’ajoute qu’on en doit pas s’interdire de créer un mot quant c’est plus clair – à condition que ce soit également joli.
- Dans le même ordre d’idées dans les années 70 on parlait des « phallocrates »

Yasmine Djelfaoui la cheminante said...

Mais comme je suis un "pur" produit des années psychédéliques (les fameuses 80s) je ne m'identifie guère aux années folles (les colorées 70s) mais j'ai bien saisi le message dans ma jeunesse en lisant, tout particulièrement, Tess d'Urberville qui (me) révéla MON féminisme absolu (lol) - de fait, je ne m'épile plus, par exemple, car je ME trouve belle et ravissante telle que je suis au naturel et telle que (aller, osons le mot ;-) Dieu himself m'a créé !!!

Mais il est vrai que lorsque l'on vit dans un monde (plus ou moins) évolué l'on ne se rend plus compte des réalités du monde qui nous entoure et qui (que la technologie ne nous en veuille pas) malgré tout si lointain :)

Quant aux religions, pour MA part j'ai tranché : elles sont du fait des mâles pour les mâles et grand bien leur fasse mais moi je n'en ai plus cure d'eux :)

Sur ce, je vous souhaite une belle nuit reposante cher ami

A domani