L'autonomie
de la volonté est le principe unique de toutes les lois morales et des devoirs
qui y sont conformes.
Kant
L'autonomie
consiste à se donner à soi-même envers l'autre une loi, plutôt que de la
recevoir de la nature ou d'une autorité extérieure.
Antoine Spire – Le Monde de l'éducation -
Juillet - Août 2001
Si l’on
consulte des dictionnaires de citations en ligne à l’article
« autonomie » il y a peu de chance d’échapper à la définition
kantienne – à moins qu’on tombe sur des paraphrases comme celle d’Antoine
Spire. Notons que la liberté donc l’autonomie est la condition, est celle qui
peut construire un projet et s’élancer pour le réaliser, au lieu de rester à
rêver qu’elle le fait réellement.
Voilà donc ce
qui nous est asséné : pour être libre, il faut obéir à la loi qu’on s’est
donnée, et non glisser d’instant en instant d’un choix à un autre, d’un
engagement à un autre.
- Pourquoi
donc ? Et si on choisissais de dire : Je m’engage à être perpétuellement
libre de me défaire de mes choix ? Si par exemple l’amoureux disait à sa
bien-aimée : « Je t’aime mon
doux cœur, je t’aime pour toujours… Du moins, tel est mon engagement de ce
matin. Quant à savoir ce qu’il sera ce soir, attends un peu qu’on y soit. »
Ne haussez pas les épaules, c’est exactement ce qu’on trouve chez Sartre. La
liberté ne vaut que par la volonté qui la soutient et celle-ci doit, pour être
libre, pouvoir se réengager ailleurs si elle le veut. La seule contrainte, si
c’en est une, est l’essence qui se construit au long de l’existence.
Et pourquoi
pas ? Sauf que, come on l’a vu, Kant estime que la liberté est d’essence
morale, qu’elle intervient lorsque se pose la question : Que dois-je faire ? Et la réponse,
puisqu’on est dans le domaine de la morale, fait intervenir forcément autrui :
mon acte libre m’engage vis-à-vis de lui, et pas seulement vis-à-vis de moi ;
et si c’est la raison qui doit nous dicter les lois aux quelles notre action
peut obéir tout en restant autonome, alors nous pouvons être tranquille :
nos choix rationnels seront en accord avec ceux d’autrui – puisque la raison
est par définition universelle.
C’est
tellement nécessaire que même Sartre est bien forcé de faire intervenir lui
aussi la cohérence de mes choix avec ceux d’autrui : je n’ai pour
contrainte pour me guider dans ce domaine que la certitude d’accepter à
l’avance que, ce que je choisis de faire, j’accepte aussi que chacun le fasse
également.
Bien sûr, je
peux refuser cette contrainte, puisque je suis libre. Mais alors je suis un « salaud ».
No comments:
Post a Comment