… il n'y a pas de sondage, aussi difficile soit-il (…) qui
puisse interrompre le mandat que donne le peuple au président de la République.
François
Hollande – le 5.9.2014
On le sait, à supposer qu’il faille révoquer un chef d’Etat
durant son mandat, un référendum révocatoire est indispensable (à condition que cette possibilité existe) et nul sondage, si « difficile »
soit-il (pour parler comme François Hollande), ne saurait l’imposer.
Et pourtant c’est sur la foi de ces mêmes sondages que l’on
voudrait créer une telle juridiction « 70% des français le jugent
incompétent ? Qu’il s’en aille ! »
C’est une occasion de réfléchir à la différence entre
sondage d’opinion et scrutin. Il n’est pas indispensable de songer aux cas où
les statistiques se sont révélées fausses quand il s’est agi de prédire le
comportement électoral. Ni même d’y voir le risque d’une manipulation de
l’opinion, quelque chose comme un trucage opéré par d’habiles techniciens
passés maitres dans l’art de tourner le questionnaire de sorte que les réponses
soient « forcées ».
Parlons plutôt d’un contournement de la souveraineté du
peuple, qui doit impérativement prendre la forme que l’on connaît :
déposer un bulletin dans l’urne en toute indépendance et en toute
confidentialité. Quelle différence avec le sondage d’opinion ? Eh bien c’est
que dans un cas on dit : « Voilà ce que je veux pour mon pays », et dans l’autre on dit : « Voilà
mon avis sur l’état du pays »
(ou : « Ce qu’on devrait faire » ou etc.)
On l’a compris sans doute : en votant il s’agit bien d’engager
sa volonté propre et non un sentiment si fort soit-il.
Certes rien n’empêche le sondage de capter cet engagement, mais il peut aussi capter bien d’autres choses : je peux communiquer mon engagement de citoyen par sondage, mais je peux aussi bien faire état de mon affect de l’instant. D’ailleurs, c’est ce que répètent les techniciens de ces instituts de sondage : il s’agit d’une « photographie instantanée » de l’opinion et non d’un pronostic. Et c’est justement le propre de l’opinion que de varier au grès des émotions médiatiques; d’ailleurs quand on fustige les médias, c’est bien en raison de leur influence sur les sondages, et non sur les citoyens.
Certes rien n’empêche le sondage de capter cet engagement, mais il peut aussi capter bien d’autres choses : je peux communiquer mon engagement de citoyen par sondage, mais je peux aussi bien faire état de mon affect de l’instant. D’ailleurs, c’est ce que répètent les techniciens de ces instituts de sondage : il s’agit d’une « photographie instantanée » de l’opinion et non d’un pronostic. Et c’est justement le propre de l’opinion que de varier au grès des émotions médiatiques; d’ailleurs quand on fustige les médias, c’est bien en raison de leur influence sur les sondages, et non sur les citoyens.
Quoique... Il arrive sans doute que le citoyen se mette à
voter avec ses tripes comme s’il répondait à un sondage.
1 comment:
De la nécessité de ne jamais rien prendre pour soi et surtout sans les autres ;-)
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