Un jour, ils
nous mettrons du plomb dans les poches parce qu’ils prétendront que Dieu a fait
l’homme trop léger.
Henri Pélissier, champion cycliste
(vainqueur du Tour de France 1923)
Nul ne sait
ce qu’Henri Pélissier aurait dit des lois anti-dopage actuelles, mais force est
de supposer qu’il aurait été contre. Car, après tout est-ce que ça ne bride pas
les capacités humaines ? Et quand nous nous référons à l’éthique sportive pour
légitimer nos lois et nos décrets, est-ce que nous ne cherchons pas une caution
tout comme ceux qui se réclameraient d’une intention divine ?
Bref :
nous avons toujours eu une attitude restrictive vis-à-vis des substances qui
permettent à l’homme de dépasser ses
limites, qu’il s’agisse de drogues « festives » ou de produits
dopants pour sportifs. Et nous avons toujours cautionné ces interdits en usant
de l’argument de la santé du corps, de l’intégrité de l’esprit, et des bons
rapports sociaux.
Soit. Mais,
supposons qu’on découvre un jour une drogue qui produise les mêmes effets que
la cocaïne ou le LSD ou encore l’héroïne – bref, un truc qui vous envoie en
l’air mais qui vous repose en suite délicatement au sol, sans aucun effet
secondaire, sans troubles psychiques ni dérèglements sociaux : croyez-vous
qu’on va laisser passer ça sans rien dire ? Que certains ne vont pas
s’affairer pour empêcher la propagation de ces substances, certes inoffensives,
mais qui modifieraient l’être humain tel que sorti des mains de Dieu – même
très peu de temps, c’est déjà trop !
Quant aux
produits dopants, on les critiques parce qu’ils faussent la compétition. Mais
alors, s’il s’agit d’un exploit solitaire, d’un alpiniste qui veut vaincre une
paroi rocheuse abrupte conquérir un sommet mythique, pourquoi ne pas recourir à
ces substances ? Après tout, je suis bien sûr que les commandos de l’armée
en font usage avec la bénédiction des gradés.
On s’étonnera
que le philosophe fasse l’apologie des produits issus de l’ingénierie chimique
alors que la nature nous a suffisamment doués pour le bonheur et la jouissance
sans courir après le franchissement des limites. Mais qu’on remarque que je ne milite pas contre les
limites imposées par la nature, mais pour celles qui brideraient l'autorité humaine.
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