Panem et circences
Juvenal - Satire
« Du pain et des jeux », revendication du peuple romain à l’égard du pouvoir, jugée révélatrice des mœurs du peuple sous l'Empire romain par les premiers chrétiens.
Contrairement à une idée assez répandue, les jeux du cirque visés par cette formule de Juvénal sont essentiellement des épreuves d’athlétisme, et non les sanguinaires combats de gladiateurs. Les premiers chrétiens ont utilisé cette formule pour dénigrer la passion pour le « sport » qui éloigne de la spiritualité qui devait selon eux être le seul souci des hommes.
Que cette passion ait existé ou pas chez les romains, nous ne le saurons peut-être jamais tant le débat est vif entre les historiens. Mais je serais tenté de le croire, lorsque je lis les journaux en cette période de Rugby-mania : que la France livre un match décevant, et on croit qu’elle vient de connaître une défaite politique ou économique grave. Un connaisseur affirmait récemment dans une interview : « Lors de son premier match, la France a perdu une bataille, mais elle n’a pas perdu la guerre ! » Rien que ça !
Qu’est-ce donc qui est en jeu dans cette passion qui aligne les « cicenses » sur le « panem » ? Peut-être faut-il y regarder à deux fois avant de répondre : l’excitation de l’exploit. Parce que, si les supporters attendent l’exploit, la foule, elle, attend la victoire. Et si la foule attend la victoire, c’est parce qu’elle sent que c’est elle qui vient de la remporter. Nous sommes grands parce que nos joueurs sont grands.
Et c’est cela qui intéresse les politiques. Eux qui sont habitués à susciter les passions de la foule, ils en trouvent une qui surgit là, comme ça : il n’y a pas à la produire, elle existe. Il ne reste plus qu’à la gouverner.
C’est une passion de la foule, qui se manifeste principalement lorsque plusieurs spectateurs sont assemblés : la retransmission des match sur grand écran en des lieux publics montrent que beaucoup préfèrent sortir de chez eux pour voir le même spectacle que sur leur télévision, mais le voir à plusieurs. On mange son « panem » tout seul ; on regard les « circenses » à plusieurs.
C’est peut-être ça qui fait que certains se méfient de cette liesse populaire, et que les politiciens en raffolent.
2 comments:
C'est fini tout ça. Comme l'a dit notre ministre de l'économie Madame Lagarde : "Les français ne veulent pas du pain et des jeux, mais les fruits de leur labeur."
Dont acte.
Bien dit : je suis - un peu - rassuré.
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