Entre le pénis et les mathématiques [...], il n'existe rien ! Rien ! C'est le vide !
Céline - Voyage au bout de la nuit, p.420
Ce qui intéresse dans ce genre de formule, c’est son improbabilité. Supposez qu’on vous dise : « Admettons qu’on évoque le pénis pour caractériser l’être humain. A quel autre terme penseriez-vous également pour cela ? ». Avouez que ce ne sont pas les mathématiques qui vous viendraient à l’esprit en premier !
D’ailleurs est-ce que ça veut seulement dire quelque chose ?
Certes, Céline veut sans doute nous faire entendre que le pénis qui symbolise (1) le désir et la Chair, regroupe tout ce qui n’est pas une abstraction n’existant que dans l’esprit, - symbolisé par les mathématiques. Mais, est-ce raisonnable ? (2)
Application - Le désir de la Chair et les constructions de l’esprit, c’est comme le pénis et les mathématiques : il n’y a rien entre les deux. Ça veut dire que tout doit être interprété comme déguisement de l’un de ces deux termes. Voyons un peu :
* Les civilités : déguisement du pénis
- Madame, permettez-moi de déposer mes hommages à vos pieds
- Ah bon ? C’est comme ça que vous appelez ça ?
* L’amour : déguisement du pénis
- Ma chère âme, ton regard est pour moi comme l’aimant qui attire le fer, ta voix comme un céleste appel, ton corps comme le berceau où je veux me recueillir.
* La religion : avatar des mathématiques
- La sainte Trinité (1=3) : est comme trois hypostases dans la même monade.
* L’idéologie politique : avatar des mathématiques
- L’émancipation du prolétariat sera l’œuvre des prolétaires eux-mêmes…
… Là, j’entends comme une protestation : l’émancipation politique a plus de réalité que le théorème de Pythagore. Bon, si vous voulez.
Mais alors dites que l’émancipation c’est TF1 et les courses à Carrefour le samedi matin.
(1) Permettez que j’attribue provisoirement le qualificatif de symbolique au pénis et non au phallus.
(2) Flaubert le pensait. Voici ce qu’il écrit à une amie - Edma Roger des Genettes - le 18 avril 1880 ; il parle de son futur roman Bouvard et Pécuchet : « La volupté y tient autant de place que dans un livre de mathématiques »
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