Une société, où l'on travaille sans cesse durement, jouira d'une plus grande sécurité : et c'est la sécurité que l'on adore maintenant comme divinité suprême.
Nietzsche Aurore (1881)
Croyez-vous que Notre Président soit un nietzschéen convaincu ?
… Comme vous j’en doute sérieusement, mais je ne doute pas qu’existent des vérités plus ou moins intemporelles, caractérisées par des réseaux de faits qui persistent au cours de l’histoire : ce que Nietzsche a pointé ici, nous le voyons nous aussi.
Nietzsche développe l’idée : la sécurité résulte du « dur labeur, du matin au soir, parce qu’il use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires ». On reproche aux malfrats d’être des feignants qui ne font rien d’autre que piller leurs contemporains. Bien sûr : imaginez-vous qu’après une journée de travail harassant on ait encore la force de ressortir pour dresser des guet-apens au coins des rues ? Un maçon qui a terrassé toute la journée est un honnête homme le soir venu.
Bien, mais tout ça c’est bien convenu. Tout ça ne serait pas digne de Nietzsche, s’il s’en tenait là.
Ecoutez la suite de son texte :
« Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la "bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et conformes à l'intérêt général : la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte […] [que le travail], c'est là la meilleure police, qu'elle tient chacun en bride et qu'elle s'entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. » (1)
Le travail ne fait pas que fatiguer le travailleur : il l’abrutit. Et c’est pour ça que c’est un honnête homme. Là on reconnaît Nietzsche.
Finalement, je souhaite que Notre Président ne soit pas nietzschéen.
(1) Excusez-moi de citer ainsi le texte mais je n’ai pas su faire mieux.
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