Saturday, September 29, 2007

Citation du 30 septembre 2007

La Bible (Deuter. 21, 18-21) l’avait déjà proclamée, quand elle ordonnait au père de faire lapider par les Anciens le fils méchant, ivrogne et rebelle à la voix de ses parents et à leurs corrections . L’éducation peut, en effet, empêcher une bonne nature de passer du crime infantile et transitoire au crime habituel - mais elle ne peut changer ceux qui sont nés avec des instincts pervers.

Cesare Lombroso - L’homme criminel (1895)

Commentaire 1

Que faire des criminels ? S’ils sont malades incurables, quelque soit leur pathologie, que faire de ces hommes ?

Si on estime qu’ils sont irrécupérables, alors la mort est la seule issue. La Bible l’a dit (voir lien Deutéronome), Platon l’a dit (Protagoras - voir le texte en annexe).

Vous me direz que les intégristes bibliques ne sont pas légion parmi nous, et que personne ne songe vraiment à rétablir la peine de mort contre les pédophiles, s’il s’agit non pas de faire un exemple (et comment des malades seraient-ils sensibles à l’exemplarité ?), mais de les empêcher de nuire. Mais tout porte à croire que le retour obsessionnel de la question conduit un certain nombre d’esprits un peu fragiles à envisager cette réponse.

L’idée qui sous tend cette question, c’est en effet que le criminel est criminel par nature, et la peine d’emprisonnement qui lui est infligée, peut éventuellement racheter sa faute, elle ne peut en revanche en faire un individu sans danger pour les autres.

Et c’est bien ce que Lombroso avait défendu comme idée : avant d’envisager la responsabilité de la société il avait dégagé plusieurs types physiques de criminels, ce qui supposait que leur crime était inscrit dans leur corps avant de l’être dans les faits. Opinion répandue très généralement à l’époque : n’oublions pas que les bagnards étaient relégués à Cayenne une fois leur peine accomplie. C’était donc là une réponse à la question : Que faire des criminels ?

Voilà. Les braves gens qui pensent que la lapidation c’est bon pour les islamistes et que nous n’en sommes plus là, demandez-leur ce qu’ils veulent faire des pédophiles.

Je suis sûr qu’ils vous proposeront le camps de concentration.

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Annexe.

Hermès : Dois-je répartir ainsi la justice et la pudeur parmi les hommes, ou les partager entre tous ? — Entre tous, répondit Zeus ; que tous y aient part, car les villes ne sauraient exister, si ces vertus étaient, comme les arts, le partage exclusif de quelques-uns ; établis en outre en mon nom cette loi, que tout homme incapable de pudeur et de justice sera exterminé comme un fléau de la société. (Platon - Protagoras 322c)

3 comments:

Anonymous said...

En effet, il suffit lors d'un repas de famille (notons au passage que niveau sottise, le repas de famille le dispute au comptoir de bar) de lancer le thème de la pédophilie pour réveiller les sanguinaires et les capo qui sommeillaient chez tonton Gérard ou papy Edmond.

L'argument pro peine de mort quant à lui tourne toujours autours du même argument (tout du moins dans les discussions habituelles) "Que feriez-vous si votre fille était égorgée, violée, charcutée, découpée, re-violée, cuisinée, lapidée, raclée, mâchonnée, etc. par un pédophile-violeur-découpeur-charcuteur (complétez vous-même)."

Car bien sûr la justice se fonde sur le désir de vengeance, chacun le sait…

Jean-Pierre Hamel said...

"Que feriez-vous si votre fille…
Le sujet est en effet sensible, et si un chanteur ou acteur a récemment repris le flambeau, je me rappelle que Sardou dans les années 70 avait commis une chanson pro-peine de mort : « Je suis pour » que ça disait.
On se débarrasse facilement de la vindicte vengeresse de notre apprenti lyncheur : demandez à votre justicier quand et comment il sera assez vengé de l’assassin de sa fille. Bien entendu l’Enfer n’y suffirait pas.
Par contre c’est le théoricien de la peine de mort, celui qui soutient qu’elle est juste parce que la loi doit la prévoir, et que c’est pour cette raison que le criminel doit la subir, qu’il faut persuader.
La question est donc celle-ci : pourquoi la loi devrait-elle prévoir la peine de mort, et qui donc est « éligible » à cette peine ?
Je me bornerai à renvoyer au petit traité de Beccaria qui en plein 18ème siècle avait traité de façon retentissante la question (Des délits et des peines - c’est édité en poche chez Champ-Flammarion)

- Car bien sûr la justice se fonde sur le désir de vengeance, chacun le sait…
Oui, c'est ce que disait Camus si je me souviens bien dans son article sur la peine de mort. Mais cette raison, même si elle est au fond la motivation de l'appel à la sanction, ne peut être évoquée, pour la raison que j'ai indiquée : la vengeance est dans limites, alors que la sanction est mesurée (tant de mois de prisons, tant de coups de fouet, etc...)

Anonymous said...

Nietzsche développe longuement cette question de la vengeance dans la Généalogie de la morale, et Hegel explique clairement la distinction entre vengeance et punition, notamment dans sa Propédeutique philosophique.