Tuesday, September 25, 2007

Citation du 26 septembre 2007

N'est-ce pas une chose bien bizarre que le songe n'offre presque jamais à mon imagination que l'espace étroit et nécessaire à la volupté ? Rien autour de cela ; un étui de chair et puis c'est tout.

Diderot - Lettre à Sophie Volland

Qu’est-ce qu’une femme ? Un étui de chair et puis c'est tout.

Avant de mépriser Diderot et de le considérer comme un adolescent qui trouverait ses draps pollués chaque matin, relisez je vous prie cette citation. Si l’espace ouvert par le songe a l’étroitesse nécessaire à la volupté, il est néanmoins trop étroit pour l’imagination.

Diderot, ce libertin, qui affirmait aussi (à Grimm) : « Il y a un peu de testicule au fond de nos sentiments les plus sublimes et de notre tendresse la plus épurée. », aurait-il regretté ce petit peu de testicule qui venait réduire le champ de son imagination ? Sans doute, et voici pourquoi.

Une rumeur dit que Sophie Volland n’était pas la plus belle des femmes, mais que c’était la plus gaie, celle dont l’éclat de rire du matin mettait la journée sur le chemin du bonheur. Mais surtout, Sophie est l’amante à qui on écrit plus souvent qu’on ne la baise (1).

En un mot, les amours de Denis et de Sophie ayant été découverts par la mère de la demoiselle (38 ans quand même…), les amants séparés n’ont plus que le page blanche et leur imagination pour se rencontrer (2). Si les songes sont étroitement utilitaires (jouir point final), l’imagination quant à elle ouvre grande les portes de la création. Là où des amants lassés des jouissances répétées auraient été déçus l’un par l’autre, les amants séparés vivent avec l’image de l’autre, c’est à cette image qu’ils destinent leurs récits, c’est avec leur sensibilité, leur intelligence, leurs désirs qu’ils dialoguent en attribuant tout cela à l’autre. Comme en seraient ils déçus ?

Mesdames, si votre compagnon vous ignore - sauf le samedi soir après avoir éteint la Télé, partez en vacance sans lui. Et voyez combien vous lui manquez, et tout ce qu’il va trouver à vous raconter en vous téléphonant chaque soir.

Quoi ? Ça tiendrait dans un SMS ?

C’est un goujat : changez d’homme.

(1) Permettez que moi aussi j’adapte mon style à l’esprit de Diderot qui rôde autour de moi ce matin.

(2) Il y avait quand même de temps à autre des lacunes dans la vigilance de madame Mère, de quoi rallumer la flamme charnelle.

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