Et qui des deux, à votre avis, fait un plus grand outrage à Jésus-Christ, ou celui qui l'abandonne dans les tourments, ou celui qui le renonce dans les délices ?
Louis Bourdaloue - Sermon sur l'impureté
Je sais : depuis le 24 février 2007 nous n’avons pas évoqué notre prêcheur préféré ; et encore l’avions-nous fait en l’associant à cet urinoir ridicule qui fait s’esclaffer des gens qui se prétendent cultivés…
Siècle d’obscurantisme, de péché et d’orgueil : que le démon t’engloutisse !
Même le Christ, dans les affres de l’agonie, perd confiance : « Mon père ! Mon père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (1) ; qui donc pourrait reprocher à un homme de se croire abandonné de Dieu dans les tourments ? On lit quelque part que lorsqu’on infligeait un supplice mortel, comme la roue, le bourreau devait étrangler le moribond pour abréger son agonie afin que son âme ne « désespère pas de Dieu ».
Brrr !.... Pas gai. Mais pas plus gaie le suite de la citation de notre prédicateur : dans les délices aussi nous renonçons Jésus-Christ (2) : c’est alors un horrible péché, un de ces péchés qui vous damnent à coup sûr.
- Mais alors, dites-moi, comment ça marche le péché ? Comment les plaisirs nous détourneraient-ils de Dieu au point qu’il faudrait plutôt souffrir mille morts que d’éprouver la moindre jouissance ?
- Allez demander ça à votre confesseur. Moi, je sais simplement que l’époque de Bourdaloue, c’est encore la période de la contre-réforme, celle qui oppose la quête de la grâce à la recherche du bonheur. L’homme est sur terre pour faire son salut et non pour être heureux.
Au point que dans le plaisir et la jouissance, nous nous damnerions, simplement parce que dans le plaisir qu’on se donne à soi-même (héhé !), nous voyons la preuve que nous pouvons nous passer de Dieu, alors que seule la grâce divine peut nous sauver.
Allez en paix, mes frères.
Et bonnes souffrances.
(1) "Eli, Eli, lamma sabacthani ?" c'est-à-dire : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" Matthieu, XXVII, 45-47
- En ces temps de disette idéologique, on cite de plus en plus les dernières paroles du Christ ; en témoigne cette répartie de Madame Royale : « Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font… » (Luc, XXIII, 34). Façon de se présenter comme la victime expiatoire, à moins que ce ne soit pour paraître dans la posture du Messie ?
(2) Renoncer : verbe transitif. Abandonner ce que l'on désavoue
No comments:
Post a Comment