Saturday, December 22, 2007

Citation du 23 décembre 2007

J'aimerais être une cigarette pour naître au creux de tes mains, vivre sur tes lèvres et mourir à tes pieds.

Anonyme

Voilà : cette citation étant anonyme, vous pouvez vous l’approprier sans scrupule, et la resservir à votre bonne amie comme si vous veniez de l’inventer.

Non ? Décidément ça ne vous dit rien ?

C’est qu’il n’est pas très valorisant aujourd’hui, de se comparer à une cigarette… Et surtout pas comme ça !

Pas besoin d’être psychanalyste pour décoder l’image - que dis-je ? le symbole - contenu dans cette citation. Fumer un cigare ou même une cigarette, ça a quelque rapport avec le phallus. Bien sûr vous l’aviez déjà deviné en lisant l’Anonyme : se développer au creux des mains d’une femme - hein… vous m’avez compris… Et puis vivre - frémir ? - sur ses lèvres, avant de mourir à ses pieds - flaque ! C’est pas très valorisant. Et c’est un peu dégoûtant.

Comment voulez-vous draguer une nana avec ça ?

Et puisqu’on en parle, vous arrivez à fumer tranquille votre clope vous ? (1)

Si vous êtes fumeur, vous avez sans doute ressenti le changement de mentalité qui accompagne l’acte de fumer.

Autrefois, fumer posait la personne, c’était un acte viril, au point que les femmes qui fumaient étaient suspectes de virilité (2). Fumer après l’amour comme pour montrer qu’on l’avait fait et bien fait… Aujourd’hui, on est un assassin asphyxieur de son prochain, et en plus on revendique ça comme une liberté.

Mais enfin, s’il n’y avait que ça, les toxicos de la nicotine n’en seraient pas vraiment impressionnés. Non, ce qui les a définitivement détruits, c’est l’obligation de fumer dehors.

Tous les fumeurs de balcon ou de pas-de-porte le savent : quand il fait moins 5 dehors et que les fumées crachées par les pots d’échappements nappent chaussée et trottoirs, alors la survie devient précaire.

(1) Un curieux phénomène sémantique concerne le terme de clope désignant la cigarette : ceux qui ont … 50 ans et plus ont dû l’observer. Dans les années 60, clope était du masculin : on disait un clope. Vérifiez dans les films de la nouvelle vagues. Ce n’est que dans les années 80 que le clope est devenu la clope. Sans doute parce que ce mot signifiait d’abord un mégot (masculin donc) avant de désigner, comme aujourd’hui, la cigarette.

- Et voilà le travail : votre science va étonner vos amis.

(2) Par exemple Georges Sand qui a fumé tout ce qui pouvait se fumer (je ne parle que du tabac, pour le reste je n’en sais rien) et qui dans sa jeunesse parisienne s’habillait en homme.

No comments: