* Le repentir est une tristesse qu’accompagne l’idée d’un acte que nous croyons avoir fait par libre décret de l’esprit
Spinoza - Ethique III, Définition des affects (= sentiments), § 27
* Le repentir n’est pas une vertu, autrement dit, ne naît pas de la raison ; mais qui se repent de ce qu’il a fait est deux fois malheureux, autrement dit impuissant.
Spinoza - Ethique IV, Proposition 54 (1)
A quoi bon se repentir ? Question oiseuse si on s'en tient aux apparences ; utile à y mieux regarder.
Car il est inutile de se demander pourquoi on se repent, comme si c’était un choix qu’on faisait. Le repentir chez Spinoza est un affect (sentiment), autrement dit un état de conscience qui advient en nous : comme n’importe quel sentiment, le repentir est subi et non voulu.
Par contre, comme le montre le scolie de la proposition 54 (2), bien qu’étant, en tant que connaissance, totalement inadéquate, le repentir est utile à la vie en société.
Inadéquate, parce que le repentir est une passion autrement dit qu’il résulte d’une méconnaissance des raisons véritables qui nous font agir. Pour Spinoza, les sentiments sont en général l’effet de l’éducation : l’un éprouvera de la tristesse après avoir commis un certain acte (par exemple s’il a tué un homme) ; l’autre en ressentira de la joie (comme après avoir tué un ennemi).
Toutes fois, compte tenu de ce que sont les hommes, l’humilité, le repentir et le respect sont trois sentiments indispensables pour enchaîner la violence de la foule et pour rendre possible la vie en société.
Alors nous demandions hier : pourquoi se repentir ? Avec quel résultat ?
Nous le voyons avec Spinoza : le repentir est un sentiment qui n’a rien de moral en ce sens qu’il implique de façon illusoire la liberté humaine. L’homme vivant sous la conduite de la raison n’aurait certes pas l’occasion de se repentir, et le repentir n’aide sûrement pas à s’amender (Spinoza ne fait je crois pas de différence entre repentir et remords).
Mais, les hommes étant ce qu’ils sont, le repentir est indispensable pour les rendre vivables
(1) J’ai trouvé un peu partout sur le Net cette citation attribuée à Spinoza : « Le repentir est une seconde faute. » Je ne sais si c’est vraiment de Spinoza, en tout cas je n’ai pas trouvé la référence - peut-être n’est-ce qu’un commentaire de la proposition 54 ci-dessus. Si vous la connaissez, je suis preneur.
(2) Le et non La scolie : voir le TLF, pour une fois à peu près complet : […] -Scolie : Subst. masc., SC. Remarque complémentaire suivant un théorème, une proposition. Si nous avons égard, nous dit le scolie de la proposition XXXIV de la cinquième partie de l'Éthique, à l'opinion commune des hommes, nous verrons qu'ils ont conscience à la vérité de l'éternité de leur âme (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 56).
1 comment:
Il semble bien que cette citation attribuée à Spinoza ne soit pas exacte... Mais j'ai posé la question sur le site "Spinoza et nous", et nous serons ainsi fixés.
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