Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes
Nicolas Sarkozy, Président de la république française, discours au Latran devant Benoït XVI (Jeudi 20 décembre 2007)
Notez bien la date : il y a moins d’une semaine que Notre Président, nouveau Chanoine de Latran, a prononcé ce discours, jugé par certains « laïcicide » : vous en avez entendu parler ? Quelle station de radio en a proposé le débat aux auditeurs (« La question du jour : pensez-vous que les racines de la France soient essentiellement chrétiennes ? ») Non : trop peur que les chers auditeurs zapent sur RTL…
Pour faire bref : dans ce discours, il s’agit de maintenir les deux bouts de la chaîne : d’une côté les racines chrétiennes, de l’autre la laïcité. Quel mal y a-t-il à ça me direz-vous ?
Simplement que ça ne marche pas avec la laïcité militante des républicains, qui veut la séparation stricte et générale de l’Eglise et de l’Etat. Par contre ça marche avec une laïcité à l’anglo-saxonne, née dans les combats religieux du XVIIème siècle, pour qui il s’agit de tolérance, la laïcité étant l’acceptation de la religion des autres (1).
Là encore, quel mal à ça ? Aucun si ce n’est qu’on fait alors l’impasse sur la Révolution française, sur le rationalisme et sur le matérialisme qui l’a imprégné depuis 1789.
Ce qui m’apparaît, c’est que la Révolution de 89 n’a pas pu - ou pas su - anéantir la culture qui l’a précédée. Mais elle a tout de même engendré une attitude intellectuelle qui a aussi imprégné l’histoire de France. Voltaire et Diderot font partie de cette histoire, au même titre que «saint Bernard de Clairvaux, saint Louis, saint Vincent de Paul, sainte Bernadette de Lourdes » (même discours).
Alors, peut-être que le propre de notre Révolution est justement d’avoir induit cette contradiction que nous avons à vivre : plonger nos racines dans la chrétienté et bouffer du curé ?
Parce que notre laïcité, c’est aussi ça.
(1) En Témoigne ce passage du discours cité, que je reprends ici au cas où vous n’auriez pas le temps de le lire en entier : « C’est pourquoi j’appelle de mes vœux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout. »
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