Thursday, August 18, 2011

Citation du 19 aout 2011


En médecine, la mode change aussi souvent qu'en haute couture. Le médicament miracle d'aujourd'hui sera le poison mortel de demain.

Groucho Marx – Mémoires d'un amant lamentable (1963)

MEDIATOR 150 mg Comprimé enrobé Boîte de 30

Principes actifs : Benfluorex

Excipients Amidon de maïs, Sodium bicarbonate (E550i), Carmellose (E466), Cire d'abeille blanche (E901), Titane dioxyde (E171), Ethylcellulose, Glycérol mono-oléate, Polysorbate 80, Povidone (E1201), Saccharose, Silice (E551), Magnésium stéarate (E572), Talc (E553b)

Fallait-il Groucho Marx pour que nous nous rappelions que nos médicaments, auxquels nous demandons des miracles, sont aussi des poisons violents, et qu’il arrive parfois même qu’ils ne soient que cela ?

Je dirai : oui et non.

- Non, parce que depuis Platon au moins on dit que les médecins sont les plus efficaces quand il faut faire trépasser les gens (1).

- Oui, parce qu’on veut oublier que les médicaments sont aujourd’hui notre potion magique, et qu’à en attendre des miracles, on finit par leur demander n’importe quoi – comme avec le Mediator, chargé de nous faire perdre nos graisses sans nous faire jeuner.

On peut soutenir que le médicament soit en effet une potion magique ; j’en veux pour preuve que, pas plus qu’avec le breuvage du druide Panoramix, nous ne savons ce que nous absorbons en avalant notre comprimé – voyez la liste des composants de l’excipient du Mediator : vous saviez que vous avaliez tout ça ?

Ce n’est pas rassurant, en effet… sauf pour ceux qui attendent du médicament autre chose que la santé. Car il a été – et il est encore je suppose – une drogue pour tous ceux qui n’en ont pas d’autre.

Rappelons-nous le rôle des amphétamines dans les années 50 (le fameux Maxiton : sa diffusion était bien autorisée, non ?) ; et puis tout ce que devait avaler Kerouac pour arriver à écrire (dont l’éphédrine). Quant à la pharmacie des coureurs du Tour de France, je n’en parle même pas…

Déjà au XIXème siècle, le laudanum, utilisé habituellement pour calmer les diarrhées, était devenu la drogue des londoniens : Quincey raconte que, quand venait le week-end, le prolétaire londonien délaissait la bouteille pour les grains de laudanum.

Reste que, si le médicament peut devenir une drogue, il arrive aussi qu’on fasse le chemin inverse : ainsi du chanvre indien donné sur prescription médicale comme analgésique.

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(1) Le serment d’Hippocrate est d’abord l’engagement de ne pas le faire.

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