Monday, May 14, 2012

Citation du 15 mai 2012


[A propos de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont] : « Il n’y a pas de quoi en faire un phénomène. Politiquement, c’est un épiphénomène. »
Marine Le Pen en conférence de presse samedi 12 mai à Permignan.
Epiphénomène : quésaco ?
- Un épiphénomène désigne ce qui se surajoute à un phénomène sans exercer sur lui aucune influence. Autrement dit, c'est une manifestation pure, un aspect ou une apparence particulière d'un phénomène sous-jacent, et non une manifestation possédant une réalité indépendante capable d'exercer une rétroaction sur le phénomène qui lui a donné naissance. Exemple : le nombre maximum d'usagers simultanés d'un système informatique est un épiphénomène de ce système. [Article Epiphénomène (Wikipédia)]

Pour l’amoureux de la langue française que je suis, les campagnes électorales sont bien réconfortantes. C’est en effet l’occasion pour les mots vieillis, obsolètes (1), de revenir à l’existence.
D’un seul coup, l’épiphénomène est devenu un mot bizarre et rigolo, un de ces mots qui « murmurent entre les pages des vieux dictionnaires », et qui a, tout d’un coup, pris son envol sur les ailes des médias – et qui y restera le temps qu’on s’en lasse et qu’on passe à autre chose. Sic transit gloria mundi
Moi, ce qui m’intéresse, c’est plutôt le mécanisme qui est à l’origine de cette résurrection.
Les gens ordinaires ont dans la vie courante à leur disposition 2000 mots de français : épiphénomène, eux ils ne connaissaient probablement pas. Les autres, ceux qui en ont  10000, auront certes ce mot-là, mais ils en auront aussi une palanquée (2) d’autres et, qui parle d’épiphénomène, parlera en même temps d’essence de la conscience et de Gestalt-théorie.
Mais ici, il s’agit bien de ce qu’on nomme un « élément de langage », quelque chose qui, comme la « bravitude » de Ségolène, a été choisi pour son étrangeté, qui pourrait servir à faire du buzz.
Bon, ça ou autre chose me direz-vous, ça n’a guère d’importance. Sauf qu’il y a eu une évolution du vocabulaire lepennien pour qualifier le Mélenchon : on est passé de l’« illusion » (Monsieur Mélenchon n’est rien, il n’est qu’une illusion) à l’épiphénomène (Politiquement, c’est un épiphénomène). Et là, je dis que c’est un peu plus clair ; Marine Le Pen doit avoir dans son staff « quelqu’agrégé sachant écrire », comme on disait autrefois.
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(1) Le mot « obsolescence » est lui-même sorti de l’oubli lors d’une campagne publicitaire du Nouvel Observateur sur le thème : « Est-vous « Obs » ? », où le terme obs apparaissait comme abréviation de l’observateur et d’obsolète. Et ça a marché !
(2) Si la mode est aux mots rares et pittoresques, allons-y : je me lâche !

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

merci de ce billet, sur les mots .
je vous embrasse.