Tuesday, May 15, 2012

Citation du 16 mai 2012


Les événements effacent les événements ; inscriptions gravées sur d'autres inscriptions, ils font des pages de l'histoire des palimpsestes.
Chateaubriand – Mémoires d'outre-tombe
Dans la série les inventeurs visionnaires – Aujourd’hui : le buzz.
Le mot palimpseste désigne :
            - soit une technique visant à réutiliser un parchemin déjà écrit en le lessivant,
            - soit (par métonymie) les vieux textes qui ressurgissent à un examen attentif sous les nouvelles inscriptions, permettant par exemple de ressusciter des pages de Cicéron qu’on croyait à tout jamais perdues.
Chateaubriand prend le premier sens : le palimpseste est une figure de la succession des événements. En effet, l’événement peut être considéré comme faisant partie d’un enchainement par lequel il vient à l’existence en remplaçant un événement antérieur ; mécanisme qui fera qu’il sera à son tour supplanté par un événement ultérieur.
Tout événement qui apparait ne peut le faire qu’en chassant de l’actualité un événement antérieur.
Nuance : le palimpseste comme on l’a dit, est un traitement du parchemin qui régénère sa virginité (1). L’événement selon Chateaubriand est nécessaire à la fois pour faire disparaitre un événement antérieur et pour faire apparaitre le nouvel événement. Autrement dit dans l’actualité, jamais de page blanche. Mais il y a des événements dont le seul rôle est de renouveler la page, de la rafraichir comme on dit aujourd’hui. C’est cela faire le buzz.
Seulement, Chateaubriand constatait que ça marchait comme ça au XIXème siècle, bien avant que ne soient inventés l’Internet et les médias d’aujourd’hui.
Et donc, on peut dire que nos inventions récentes n’ont fait que perfectionner un système qui fonctionnait bien avant, que ce sont donc des inventions d’outils (comme on dit aujourd’hui) et pas de nouvelles manières d’être.
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(1) Dans son livre intitulé Sur la route du papier, Erik Orsenna raconte que l’un des premiers usages du papier en occident a été de servir à rédiger des actes officiels parce qu’on ne pouvait le gratter ni le lessiver sans le détériorer : sa fragilité le rendait infalsifiable.

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