Aujourd'hui encore
je n'attends rien que de ma seule disponibilité, que de cette soif d'errer à la
rencontre de tout, dont je m'assure qu'elle me maintient en communication
mystérieuse avec les autres êtres disponibles, comme si nous étions appelés à
nous réunir soudain. J'aimerais que ma vie ne laissât après elle d'autre
murmure que celui d'une chanson de guetteur, d'une chanson pour tromper
l'attente.
Indépendamment de ce qui arrive, n'arrive pas, c'est l'attente qui est magnifique.
Indépendamment de ce qui arrive, n'arrive pas, c'est l'attente qui est magnifique.
André Breton –
L'Amour fou
Indépendamment de ce qui arrive, n'arrive pas,
c'est l'attente qui est magnifique.
J’ai failli m’en tenir à cette seule phrase, mais je n’ai
pu m’y résoudre : les volutes de la pensée de Breton ont bloqué ma souris
au moment de cliquer sur « Delete »…
Si cette pensée me ravit c’est que j’y vois comme une
métaphore de mon vagabondage sur le Net, à la recherche d’on ne sait quoi, mais
qui est tellement précis que je sais que je l’ai trouvé dès que je le
rencontre.
Ami(e)s blogeurs-blogeuses, n’est-ce pas cette errance-là
qui vous pousse comme moi à rechercher ici ou là, comme en musardant, le
message qui va sembler vous être destiné – à
vous et à personne d’autre ? Et, au-delà des messages, les rencontres
(même virtuelles) avec les messagers ne sont-elles pas la récompense de vos
efforts ? Quel réconfort ! À force de les désirer, enfin, elles
arrivent…
Mais André Breton remonte un cran plus haut : c’est qu’avant
la communication réelle, il y a l’attente, qui crée une communication mystérieuse avec les autres – communication non pas
virtuelle, mais « super-virtuelle » - et c’est elle qui rend la vie magnifique. Que ma vie
soit remplie par la chanson de guetteur, voilà ce qui devrait me suffire.
Comment comprendre cela sinon en affirmant que seul
le désir est grand, bien plus que son assouvissement ? Breton c’est
l’homme qui disait, dans Nadja, que
la beauté est convulsive, comme une locomotive qui bondirait sur place dans la
gare de … (j’ai oublié son nom).
On comprend ici qu’il ne faut pas interpréter cette image
comme un fantasme orgasmique, mais bien comme ce qui annonce littéralement le
voyage : ce qui est magnifique, c’est l’attente du voyage et non le voyage
lui-même.
L’attente, comme le désir est un concentré
d’énergie ; c’est pour cela qu’elle rend belle la vie.
Héhé… Mais dites donc : ne serait-ce pas un éloge de
l’abstinence ça ?
2 comments:
en voilà une chute. je n'ai jamais autant fait l'amour que depuis que je suis abstinente.
j'ai rendu ma vie à la disponibilité. tant celle partager avec l'autre était un sujet qui me barrait.
j'ai toujours ricaner de mes amies qui mariée faisait l'éloge de la solitude et qui river au plancher du logis familiale la prétende encore .
cette phrase est super belle...
belle journée jean pierre
Ce qui est sûr, c'est que pour vous, chère Frankie, une abstinence n'en cache pas une autre - on dirait même qu'elle ouvre la voie à un autre bonheur.
Ce qui est très réconfortant pour l'épicurien que je suis.
Heureuse Pentecôte au soleil.
J-P
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