Sunday, May 20, 2012

Citation du 21 mai 2012


Y a-t-il plus de noblesse d'âme à subir/ La fronde et les flèches de la fortune outrageante, / Ou bien à s'armer contre une mer de douleurs / Et à l'arrêter par une révolte? Mourir... dormir, / Rien de plus;... et dire que par ce sommeil nous mettons fin / Aux maux du cœur et aux mille tortures naturelles / Qui sont le legs de la chair: c'est là un dénouement / Qu'on doit souhaiter avec ferveur. Mourir... dormir,
Shakespeare – Hamlet, Acte III, scène 1
Hier, c’était dimanche, jour d’insouciance. Aujourd’hui, c’est lundi, jour de lucidité.
Dans son célèbre monologue Hamlet s’étonne : comment se fait-il que les hommes supportent tant de maux sans se suicider ; mourir, c’est si simple et si indolore (To die : to sleep). On meurt comme on s’endort, et rien d’autre.
La mort n’est pas un problème, car elle est un mystère ; elle est ce qu’on ne peut contempler en face (1), tout simplement parce qu’on n’est jamais en face – pas plus qu’on ne peut imaginer l’intérieur d’un trou noir. Elle est l’impensable par excellence. Tout ce que nous savons de la mort, c’est ce qu’on en observe – chez les autres. Et là, il se peut que mourir apparaisse comme un simple endormissement.
C’est notre crainte de la mort qui fait question, parce que ça, on le vit pleinement.
Quel est donc l’effet de cette crainte ? S’il faut croire Hamlet, on dira que l’angoisse de mourir est comme l’angoisse du soir, celle qui nous prive du sommeil.
Mais alors, de même qu’il suffit d’être tranquille pour s’endormir – suffirait-il de cesser de redouter la mort, suffirait-il de croire qu’elle n’est qu’un paisible sommeil sans fin pour basculer … dans le néant ?
Il serait terrible de penser que c’est justement l’angoisse de vivre qui nous maintient en vie !
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 (1) La Rochefoucauld : « Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face »

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