Celui qui se transforme en ver de terre ne doit pas se
plaindre par la suite qu’on lui marche dessus.
Kant – Doctrine de
la vertu I, I, 2 (Trad Philoneneko, p.111)
Ainsi, il existe des citations de Kant qui n’ont pas besoin d’être
relues 3 fois pour être comprises, et même comprises sans contre sens, ainsi
qu’on peut le vérifier en complétant notre Citation-du-Jour pas
celle-ci péchée quelques lignes plus haut :
S’agenouiller ou se prosterner jusqu’à terre, même pour
rendre sensible l’adoration des choses célestes est contraire à la dignité
humaine.
Kant – Idem
Un ambassadeur anglais (au 18ème siècle je
crois) se présente devant le Tzar (1). Selon la coutume, on veut qu’il se mette
à genoux devant lui : il refuse, disant qu’un anglais se met à genoux
seulement devant Dieu ; devant le roi, il ne met qu’un genou à terre.
Il y a donc dans l’usage de l’humilité un mésusage qui ne relève pas de la fausse
humilité.
- La fausse humilité, en effet, consiste à se montrer humble pour avoir le plaisir qu’autrui vienne nous démentir et nous relève dans tous les sens du terme.
- La fausse humilité, en effet, consiste à se montrer humble pour avoir le plaisir qu’autrui vienne nous démentir et nous relève dans tous les sens du terme.
- En revanche, le mésusage de l’humilité consiste à
humilier à travers notre personne ce qui ne devrait pas l’être, c’est-à-dire, selon
Kant, l’humanité qui est en nous. Or,
la dignité de l’humanité doit être conservée et honorée dans la personne de
chacun d’entre nous.
Nous avons en nous un idéal de l’humanité, qu’on résumera
en disant qu’elle fait de l’homme un être qui a sa fin en soi-même.
Etre une fin en soi,
c’est incarner une valeur qui ne peut être subordonnée à quoi que ce soit, valeur
qui ne saurait donc être un moyen au service d’autre chose – moyen qu’on laisserait
de côté quand il cesserait d’être efficace. Le respect d’une telle valeur est
en réalité inconditionnel.
Dans le cas qui nous intéresse, cela veut dire qu’on n’a
pas le droit d’humilier ce qu’il y a d’humain en chaque individu, mais aussi
que nous n’avons pas le droit de le faire en nous-même.
Et voilà l’humilité qui apparait : si elle consiste
à humilier quelque chose en nous, que ce ne soit pas en nous soumettant à quoi
que ce soit, passion animale, désespoir de l’humain, ni même subordination
totale à autrui. Car alors nous détruisons l’humain en nous.
Il est vrai que l’humilité n’est pas la seule
circonstance où nous détruisons l’humain que nous devrions respecter : il
y a aussi (toujours selon Kant) par exemple la masturbation (qui considère
notre corps comme un simple instrument au service de la jouissance animale) et
surtout le suicide, circonstance dans laquelle nous nions notre personne
morale, en « extirpant du monde … la moralité dans son existence
même » (Métaph. des mœurs – §6).
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(1) A moins que ce ne soit l’Empereur de Chine ?
2 comments:
Donc ne pas tendre l'autre joue...(?)
D'accord. Mais...
Et l'abnégation?
Et l'amour?
Ou est la limite humilité-humiliation ds ces cas là?
Ne risque -t-on pas de finir seul bien que "droit ds ses bottes"?
De bon matin, un vertigineux abî12me de réflexion...
Comme toujours, c'est la limite entre deux concepts voisins qui fait problème.
Ce n'est pas une raison pour confondre l'humiliation et l'abnégation. Faire passer les intérêts d'autrui avant les miens ne porte pas atteint à la dignité de l’humanité à la quelle je me dois. Bien au contraire.
L'humilité peut également être une vertu, justement en ce qu'elle renforce cette valeur un effaçant l'égoïsme au profit de l'altruisme : aimer son prochain...
Si vous voulez, le problème avec ces questions morales, c'est qu'elles ouvrent à une casuistique un peu embêtante, et qu'on ne peut rien régler à coup de principes.
Mais ça, c'est vrai de toues les questions morales.
Merci de votre commentaire
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