Le véritable enthousiasme éthique consiste à vouloir de
toute son énergie, soulevé dans un élan de joyeuse et divine insouciance où
l'on ne se demande jamais si l'on arrive ainsi à quelque résultat ou non. […]
Car seule l'éternité a du temps pour ces futiles questions dont nous n'avons
pas à nous préoccuper.
Kierkegaard Post
scriptum aux miettes philosophiques. Tome 1, édition de l'orante p. 127
Qui donc parvient à satisfaire aux exigences du devoir
moral dans les bornes de sa courte vie terrestre ? Personne : le
paradoxe du devoir moral est qu’il nous faudrait une éternité pour parvenir à
le satisfaire ; or nous ne l’avons pas. Que faire alors ?
Trois possibilités :
- Ou bien justement on postule l’immortalité de l’âme
comme le fait Kant : ça nous donne du temps post-mortem pour continuer à
nous élever moralement.
- Soit on diminue la voilure : au-lieu de viser le
Bien, on vise le mieux.
- Soit, comme Kierkegaard on ne regarde que
l’enthousiasme qui pousse à l’action morale et non son résultat.
On reviendra demain sur la distinction opérée par Max
Weber entre l’éthique de la
responsabilité et l’éthique de la
conviction. On remarquera seulement que Kierkegaard, s’il souscrit à
l’avance à cette distinction y ajoute une précision essentielle : ne
soyons pas inquiet du résultat de notre action éthique, parce que le souci du
résultat dénature notre acte moral. Notre action répond alors à une aspiration malsaine, avide de récompense et
immorale (Cf. texte en annexe).
Au fond, l’erreur serait soit de croire que seul le
résultat compte (voir citation de Weber ici-même demain), soit – à l’opposé –
de se demander indéfiniment avant d’agir si nous allons parvenir à un résultat.
Qu’est-ce qui reste alors de l’action morale ? Il
reste un enthousiasme éthique et une joyeuse et divine insouciance. Voilà les
signes qui accompagnent la vertu véritable, et on ne l’a pas assez signalé.
C’est qu’en réalité on ne les trouve pas forcément chez
le maitre de morale, mais plutôt chez le religieux. Voyez le visage du moine ou
de la nonne. Voyez cette expression de ravissement, ce sourire heureux (je n’ai
pas dit béat) : il s’agit bien d’une joyeuse
et divine insouciance. Ce que font ces personnes sera ou non couronné de
succès ; leur devoir est de faire – et ils font. A Dieu de décider du
résultat.
Que cela puisse jouer aussi au stade éthique ne peut que
réjouir le mécréant qui écrit ces lignes.
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Annexe «. L'individu commence à perdre le sens moral dès
qu'il oriente ainsi sa volonté dont l'énergie se détend ou prend un cours
anormal ; elle devient une aspiration malsaine, avide de récompense et immorale
; même si elle fait de grandes choses, elle ne les fait pas selon l'éthique;
bref l'individu exige autre chose que l'ordre éthique proprement dit. Un
caractère d'une véritable grandeur morale passerait sa vie ainsi : il
travaillerait de toutes ses forces à son propre épanouissement et il exercerait
peut-être ainsi une grande influence autour de lui ; mais il n'en aurait cure,
sachant bien que l'extérieur ne dépend pas de lui et n'a par suite aucune
signification, ni pro ni contra. Il resterait donc ignorant à ce sujet pour
éviter de s'attarder aux choses du dehors et d'en subir les tentations où elles
induisent… » Kierkegaard Post scriptum aux miettes philosophiques.
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Et revoici Les Citations du jour à jour.
Pour me faire pardonner cette parenthèse, je vous offre toutes les citations que vous auriez du avoir sans ces fâcheuses vacances.
Pour La citation du jour le temps perdu peut être aussi du temps retrouvé.
2 comments:
alors vous avez pris des vacances . çà c'est le comble du comble d'un monsieur philosophe retraité. je vous pardonne et reprendre sur de l'enthousiasme c'est bon je vous embrasse cher ami de penser
Un peu d'arithmétique - Je suis:
1 prof + 1 retraité + vacancier = 3 façon d'être une feignasse.
J'assume. - Et je signe :
J-P H
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