Vivre dans un camp de nudistes doit sans doute gâcher
tout le plaisir qu’on attend d’Halloween.
Anonyme
Le corps du nudiste est sans aucun vêtement ; le
fantôme d’Halloween n’est qu’un vêtement (suaire) sans corps ; à moins que
dénudé, ce fantôme ne soit plus qu’un misérable squelette.
Mais, n'en doutons pas : le jour d’Halloween, les spectres qui enlèvent leurs suaires, peuvent révéler bien des surprises
En témoigne cette œuvre de Salvador Dali :
Dali – Human
skull consisting of seven naked women’s bodies
Qui sont ces fantômes qui vont, errant dans les jardins
et dans les rues, la nuit d’Halloween ? Sont-ils si désincarnés ?
Salvador Dali nous prouve que non, et nous oblige du même coup à nous retourner
sur nous-mêmes pour nous interroger sur les fantômes qui peuplent notre
imaginaire : d’où viennent-ils ? Que nous disent-ils ?
On cite souvent Spinoza (1) lorsqu’on veut parler un peu
sérieusement des fantômes. Mais Spinoza se contente de repousser
dédaigneusement l’hypothèse de leur existence dans la nature, œuvre selon lui
des fantaisies insanes de notre imagination, sans prendre au sérieux le sens
qu’ils pourraient alors avoir pour nous. Or les fantômes en disent beaucoup sur
nous-mêmes, nos obsessions, nos angoisses, nos désirs secrets et défendus, etc…
Par exemple, l’intérêt de ce dessin de Dali n’est pas
seulement de nous faire réfléchir aux fantômes. Il est aussi de nous inviter à
une réflexion sur la mort et l’érotisme, ce qui est un peu plus excitant,
avouez-le.
Quant à moi, sans aller jusqu’aux méditations macabres de
Bataille, je penserai plutôt à Hamlet, déterrant un crâne d’une tombe
fraichement ouverte : To be, or not
to be…
Oui, mais en tenant ce crâne entre ses mains, que
voit-il ?
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(1) Correspondance avec Hugo Boxel. On peut la lire ici (lettre 51 et suivantes).
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