Quand on veut gouverner les hommes, il ne faut pas les
chasser devant soi. Il faut les faire suivre.
Montesquieu – Mes
pensées
Commentaire II
Bien entendu, Montesquieu connaissait parfaitement
l’histoire encore récente des dragonnades, lorsqu’on avait voulu convertir les
protestant par la force.
Hérétique signant sa conversion
En témoigne cette gravure : l’hérétique signe sa
conversion sous le menace du mousquet (= « Raison invincible ») et de
l’épée (= « Raison pénétrante »).
Moyennant quoi les parpaillots ont eu le mauvais gout
d’émigrer en masse plutôt que d’embrasser la Vraie religion, emportant avec
eux, outre leur « hérésie », leurs fortunes et l’esprit d’entreprise
dont ils ont fait bénéficier la Hollande et les principautés germaniques.
Erreur fatale de Louis XIV, que Colbert n’avais pas eu le temps d’empêcher,
faute d’avoir vécu suffisamment longtemps.
Pourtant, le ressort de la machine à convertir les
infidèles était connu depuis longtemps : c’est la peur. Non pas la peur de
l’épée, mais celle de l’enfer et de ses flammes dévorantes. C’est comme ça
qu’on peut enrôler en masse les incroyants et les pousser à suivre le chemin de
la Vraie Religion qui mène à la vraie foi : le missionnaire doit remplacer
le dragon. C’est déjà ce que savaient les espagnols quand ils ont converti en
masse les « indiens » d’Amérique centrale en leur représentant les
terribles tortures et les flammes éternelles qui les attendaient en enfer s’ils
continuaient à adorer leurs idoles homicides.
Bref, l’alternative était déjà : le sabre ou le goupillon.
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