Peut-il y avoir d'autres guerres que des guerres civiles,
puisque tous les hommes sont frères ?
Madame de Guilbert
Une guerre entre Européens est une guerre civile.
Victor Hugo
Dans une guerre civile, la victoire même est une défaite.
Lucain – Pharsale
Les armées se séparèrent ; et on raconte que Pyrrhus
répondit à quelqu'un qui célébrait sa victoire que « encore une victoire
comme celle-là et il serait complètement défait ».
Plutarque (A propos
de la bataille d’Ausculum (279 av.J-C) où l’armée de Pyrrhus, roi d’Epire
l’emporta sur celle de Rome au prix de pertes irréparables)
11 novembre… Commémoration de la victoire ?
Oui, certes car si nous eussions perdu la guerre contre
les allemands, l’histoire de France eut été bien différente.
Mais dans le contexte de l’immédiate après-guerre, une
victoire était-elle seulement possible ?
11 novembre 1918 : la victoire laissa la France,
bien que vainqueur, dans un état d’exténuement démographique proche de celui où
l’Allemagne se trouva.
- Bien des années plus tard, dans les années 1960, la
dissuasion nucléaire fonctionnait à peu près sur le même principe : que l’agresseur,
même vainqueur, soit menacé de disparaitre du fait de la riposte de
l’adversaire, même vaincu.
Et de nos jours encore, il n’est pas besoin de
principe moral pour condamner la guerre : un calcul de probabilité des
pertes suffit, et si jamais on trouvait un moyen de détruire l’ennemi sans
subir soi-même de lourdes pertes, eh bien, sus à l’ennemi ! D’ailleurs
c’est ce à quoi on s’active aujourd’hui encore dans les laboratoires de
recherches, qu’il s’agisse du projet reaganien de guerre des étoiles, ou de
super armement – et si on a renoncé pour le moment à la bombe à neutron ou à l’arme
bactériologique, soyons sûrs que ces essais ne sont pas très loin dans les remises de l’Armée.
Voyez maintenant comment fonctionne le principe du
pacifisme moral : toute guerre est
une guerre civile, la victoire même y est une défaite, […] parce que tous les hommes sont frères.
Nous sommes dans l’éthique de la conviction, qui ne
souffre aucune exception et non dans celle de la responsabilité, qui soumet les
principes éthiques à celui de l’efficacité (1).
Il est tout à fait inutile de dire que le choix entre ces
deux attitudes constitue un dilemme : déjà parce que Weber lui-même le
souligne ; ensuite parce que s’il n’en allait pas ainsi, nous ne serions
pas dans la vie morale.
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(1) Distinction opérée par Max Weber (Le savant et le politique) :
Ethique de la conviction : « Le chrétien fait son
devoir et en ce qui concerne le résultat de l'action il s'en remet à Dieu»
Ethique de la responsabilité : « Nous devons
répondre des conséquences prévisibles de nos actes. » (Lire le texte ici)
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