…on connaît ce mot charmant d'Euripide, qui disait en
donnant des baisers et des caresses au bel Agathon qui avait déjà de la barbe:
"La beauté reste même dans son automne."
Plutarque – Erotikos
(Ed. Belles Lettres)
Les mœurs connaissent-elles une évolution ? On peut
en douter quand, abordant le débat sur le mariage entre
homosexuel(el)s, nous lisons ce dialogue de Plutarque. Soutenant que l’union
d’un homme et d’une femme est supérieure à celle d’un homme avec un autre
homme, il évoque l’instabilité de cette dernière – en raison entre autre de la barbe
dont l’apparition fait fuir l’amant.
En effet, l’amour homosexuel chez les grecs et les
romains unissait non un homme et un homme, mais un homme et un adolescent.
C’est ainsi que le bel Agathon qui avait
déjà de la barbe en était déjà à
l’automne de l’amour : autant dire que ça ne durait pas longtemps.
Plutarque en conclue que, si on ne peut aimer un barbu,
ce danger n’est pas encouru quand on aime une femme (1), donc que l’union
hétérosexuelle était meilleure du point de vue de la stabilité de l’union – et
donc de la qualité des mœurs.
On trouvera peut-être ce chemin d’argumentation
tortueux ? Soit – Reste que l’idée évoquée par Plutarque est aussi celle
qu’on entend aujourd’hui. L’union entre un homme et un homme serait une menace
pour la société (grecque ou romaine, mais aussi la nôtre) entre autre parce
qu’elle est instable, qu’elle fluctue au gré du désir érotique.
Et l’homme qui aime une femme, est-il donc plus fidèle ?
Oui – en tout cas c’est possible. Car si on en croit Plutarque,
la femme enracine l’homme dans une relation stable et durable : grâce à
ses attraits physiques, elle le garde avec elle suffisamment longtemps pour qu’apparaissent
des liens plus profonds que l’amour : il s’agit de l’amitié (2) qui unit
l’époux et l’épouse.
Autre temps, autres mœurs dira-t-on : aujourd’hui
les homos vieillissent ensemble…
Alors, oui : accordons-leurs le droit au mariage…
mais après une preuve de vie commune de 10 ans.
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(1) Tant et si bien que, pour faire fuir le prétendant-mari
qui l’aurait empêchée de respecter son vœu de chasteté, sainte Wilgeforte
obtint de Dieu qu’il lui fit pousser une barbe très fournie (voir ici)
(2) Il s’agit de la philia
comme on l’a expliqué récemment (ici)
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