On n'oublie rien de ce qu'on veut oublier : c'est le
reste qu'on oublie.
Boris Vian
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment, /Tout doucement,
sans faire de bruit / Et la mer efface sur le sable / Les pas des amants
désunis.
Chanson – Les
feuilles mortes (paroles de Jacques Prévert, musique de Joseph Kosma)
Paradoxe de l’oubli : on n'oublie rien de ce qu'on
veut oublier ; par contre il arrive qu’on oublie ce dont on voulait se
souvenir.
Si notre volonté cherche à exercer son pouvoir sur notre propre
psychisme, elle ne peut que fixer ce qu’elle voulait effacer : raison pour
laquelle les souffrances morales sont si durables et qu’il est si difficile de
les surmonter. Ce qui signifie qu’en lisant cette citation de Vian, on ne doit
pas s’en tenir à l’évocation des souvenirs, mais qu’on doit penser aussi aux traces
permanentes des blessures morales ou des traumatismes psychiques.
Que peut la volonté sur notre vie psychique ? Chacun
aura reconnu l’impuissance des appels à la volonté de l’ami chagrin ou
dépressif :
- Secoue-toi, Bon Dieu ! Un peu de volonté –
ou : un peu de courage – Tu ne vas pas rester prostré comme ça, etc…
Que faire alors ?
Mais la vie sépare
ceux qui s'aiment, /Tout doucement, sans faire de bruit / Et la mer efface sur
le sable / Les pas des amants désunis.
Voilà : pour oublier il faut ensevelir le souvenir sous
d’autres souvenirs. Le sable des empreintes de pas n’est pas enlevé, il est recouvert
par des formes nouvelles, et il montre autre chose, si par exemple il est sculpté
par la marée descendante.
- Mais quoi ! Vous me proposez d’oublier mon chagrin
d’amour comme le fait, avec nostalgie, la chanson des feuilles mortes ! Voilà qui est encourageant ! Et quand
bien même ça pourrait marcher : que vous voulez que je glisse quoi
par-dessus le souvenir de celle que la vie a séparé de moi ? La danse des
canards ? (1)
- Je sais ce qu’il vous faut : un autre souvenir,
mais qui soit assez proche du précédent pour venir se greffer dessus et vous
emporter ailleurs.
--> Tenez,
essayez ceci :
… Moi, je dis qu’il se pourrait qu’Iggy Pop vous rappelle
un sacré slow à 3 heures du matin, à tanguer au milieu du dance-floor avec une
fille énamourée accrochée à votre cou…
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(1) Uniquement pour ceux qui ne connaitraient pas :
cliquer ici
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