Si la loi du matérialisme était la vraie loi, tout serait
éclairci. Le "pourquoi" du phénomène serait ramené au
"comment".
Schopenhauer – Le
monde comme volonté et comme représentation
L'homme est un animal métaphysique
Schopenhauer – idem,
Seconde partie, chap. XVII
Commentaire I
Laissons pour un instant la rigueur du vocabulaire (1),
pour ne retenir cette distinction : la métaphysique est la science qui
répond au Pourquoi ? alors que
la science proprement dite (matérialiste) ne peut répondre qu’au comment ?
Mais il reste que la science nous apporte chaque jour la
réponse à bien des problèmes que nous
posent nos besoins, résolus grâce aux techniques qu’elle a permis d’inventer.
Avons-nous donc de nos jours, comme le dit encore notre philosophe allemand,
besoin de résoudre des questions métaphysiques ? Avons-nous encore un
besoin que la science du Comment ?
ne résoudrait pas ?
Justement : Schopenhauer dit aussi (lire ici) que le
matérialisme est insuffisant parce qu’il ne peut satisfaire le besoin de
connaitre qui est viscéral chez l’homme : celui de savoir le Pourquoi ? des choses et de
lui-même. Il fait sienne la thèse d’Aristote selon laquelle il s’agit d’un
étonnement fondamental : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien
du tout ?
Pour Aristote, ce besoin n’a pas à être justifié parce
qu’il est absolument premier : il est le Pourquoi ? qui, une fois résolu, répond à tous les Comment ? Exemple : Pourquoi y
a-t-il sur terre des hommes plutôt que pas d’hommes du tout ?
Réponse : parce que Dieu a voulu qu’un être à son image la peuple et tire
profit de la création. Tous les Comment ?
sont du coup résolus : J’ai le droit d’exploiter la terre entière parce
qu’elle n’existe que pour ça.
- Et je peux aussi la fracturer pour en extraire des gaz
de schistes ?
- Bien sûr, puisque Dieu a fait les gaz de schistes
exprès pour nous.
A suivre
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(1) Le vocabulaire philosophique veut en effet que le matérialisme soit une doctrine elle-même
métaphysique, affirmant que tout ce qui est, provient de la matière – y compris
l’esprit ; et que, comme tel, il s’oppose non à la métaphysique mais au
spiritualisme.
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