L'amour est-il, comme on le prétend, la purification de
l'instinct ou, au contraire, sa perversion?
Alfred Capus
Perversion : suite.
« Les anciens grecs avaient trois mots pour désigner l'amour: eros, philia et agapè.
Eros, c'est le désir du bien sensible, mais aussi de tout autre
objet digne d'attachement, la beauté par exemple. La philia c'est l'amour désintéressé qui prend soin de
l'homme, de l'ami, de la patrie, en qui la volonté et la noblesse de cœur ont
maîtrisé les passions humaines. Le mot agapè a parfois le sens d'Eros, mais plus souvent le sens de philia. » (Encyclopédie
de l’Agora – A lire ici)
J’ai voulu donner en entier ces définitions pour qu’on
voie combien il est difficile de penser l’amour, concept qui, dans notre
langue, amalgame des réalités si différentes, autorisant la confusion signalée
aujourd’hui par notre auteur.
Car, non seulement on peut en français, dire :
« J’aime ma tendre amie », et « J’aime la tarte aux
pommes », mais encore on ne fait nulle distinction sémantique entre l’amour-Eros, celui qui concerne le corps :
« J’aime Maryline, c’est un vrai canon cette fille-là ! », et l’amour-agapè, celui qui concerne l’âme :
« J’aime mon papa ». (1)
La question est : y a-t-il entre les deux une simple
homonymie (comme le dit Aristote pour signifier que deux réalités tout à fait
différentes soient désignées par le même mot) – ou bien s’agit-il d’une seule réalité
qui, à certains moments, pourrait mal tourner ?
Et à supposer que cette dernière hypothèse soit valable, dans
quel sens peut-on dire que « ça tourne mal » ? Quand on passe
d’Eros à agapè, s’agit-il de purification ou au contraire de perversion ?
- Est-ce qu'agapè purifie l’instinct de l’amour
« érotique » ?
- Ou bien Eros est-il perverti par agapè, qui le détourne
de sa véritable fonction qui est de faire entrer deux corps en fusion ?
La première solution conduit à l’amour platonique (ou
plutôt : platonicien). La seconde mène tout droit au tantrisme. ( heu… du
moins celui du new-age).
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(1) Je laisse de côté la philia qu’on a l’habitude de
traduire par amitié plus que par amour, et je privilégie l’agapè, entendu comme
manifestation spirituelle de l’amour.
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